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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
8 octobre 2017

Défi lecture 2017, catégories 32, 34 et 1..... #54/80

3C

 

 

Catégorie 32, livre publié cette année: "La tresse" de Laëtitia Colombani

La tresse

 Trois femmes vivent dans trois lieux sur la planète. Smita, une intouchable du village de Badlapur veut sortir sa fille Lalita de sa condition de rebut de la société où les traditions des castes veulent la maintenir. Giulia, sicilienne de Palerme, s'acharne contre l'avis de tous, à sauver l'entreprise familiale. Sarah, talentueuse avocate de Montréal au Canada, est vouée à un brillant avenir dans le cabinet réputé où elle travaille mais les requins veillent et ne tolèrent aucune faiblesse.

 Trois femmes si différentes et pourtant si proches par leur volonté de se battre contre les choses établies: la tradition culturelle de la discrimination sociale des castes, la tradition du savoir-faire familial et la tradition machiste de l'univers professionnel. Trois femmes qui ne se rencontreront jamais mais dont la vie sera reliée par un cheveu.

Mon avis: Merci à Marie-Claude de m'avoir conseillée ce livre car je serais facilement passée à coté et j'aurais perdu l'occasion de m'enthousiasmer sur ce premier roman d'une scénariste, comédienne et réalisatrice. Les portraits de ces trois femmes se succèdent, s'enchevêtrent, scandant le récit d'un rythme enlevé. L'auteur ne laisse pas le temps au lecteur de reprendre son souffle après des révélations qui le propulsent à l'autre bout du monde pour frémir avec une autre de ses héroïnes.

J'ai lu des critiques qui trouvent cette histoire convenue, ces portraits de femmes envahis de clichés et regrettent l'absence de révélation sur le devenir de chacune d'elles. Mais pour moi, le sujet n'est pas leur avenir mais le moment présent qu'elles traversent, chacune à leur façon avec une détermination sans faille. C'est un roman bouleversant que j'ai lu d'une seule traite n'ayant pas pu abandonner Smita, Giulia et Sarah avant la dernière page.

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Catégorie 34, un livre non encore lu d'un auteur que j'aime: "Ahlam" de Marc Trévidic

Ahlam

 En 2000, Paul Arezzo, artiste peintre français réputé, s'installe à Remla sur l'archipel tunisien de Kerkennah, séduit par les couleurs de ce paradis terrestre. Il se lie d'amitié avec Farhat, un pêcheur de l'île, et sa famille. Fatima, sa mère, Nora, sa femme professeur, et ses deux enfants Issam l'ainé et sa petite soeur Ahlam. 

 Quelques temps plus tard, Nora succombe à une leucémie foudroyante à Paris, loin des siens. Paul avait surmonté tous les obstacles pour la transporter à l'Hôtel Dieu pensant pouvoir la sauver. Pas le temps pour Farhat de se laisser aller à son chagrin, la saison touristique a commencé et il ne faut pas perdre l'argent étranger donné pour des ballades en mer. Pour aider les enfants, Paul les encourage à découvrir les instruments qui les intriguent selon leur attirance. Ses peintures pour Issam et son piano pour Alham. 

 Les années passent. Les enfants deviennent adolescents. Ils forment un duo plein de fougue et de talent insolite jamais égalé. Issam, à l'aide de pastel, peint la musique que joue sa soeur. Pendant ce temps, le contexte politique change. Après l'effondrement des tours jumelles à New York, le climat est devenu électrique. Les salafistes ne se cachent plus et Nourdine, le meilleur ami d'Issam, ne cesse de l'abreuver de l'interprétation rigoriste du Coran, prônant un respect radical et intégriste de la doctrine islamique avec l'utilisation aveugle de la violence pour imposer sa loi.

 Dix ans plus tard, Isslam est convaincu que les arts sont futiles et haram (interdits), ce sont les oeuvres de Shaytan (diable). De plus en plus tourmenté, il s'enfuit retrouver Nourdine pour participer au Jihad et espérer devenir un shahid (martyr) en abandonnant sa famille qui comptait tant pour lui. Alors qu'Alham est une jeune femme moderne ne voulant pas laisser son pays sombrer dans l'obscurantisme.

Mon avis: J'ai découvert cet ancien juge de l'anti-terrorisme dans une émission télévisée. J'ai apprécié la simplicité et la franchise de ses propos ne laissant aucune place à la langue de bois si pratiquée de nos jours. Depuis, j'ai lu tous ses ouvrages y aimant sa façon de rendre accessible des sujets difficiles. Apprenant qu'il écrivait son premier roman, je l'attendais avec impatience.

Si essayiste et romancier nécessitent la capacité de savoir s'exprimer par écrit, ce ne sont pas les mêmes métiers. Et pourtant l'auteur paraît à l'aise dans les deux rôles. On sent que sa solide expérience professionnelle lui permet de décortiquer le cheminement progressif de l'embrigadement d'Isslam. Mais ce roman est aussi un roman d'amour et d'amitié. L'amour d'un français pour la Tunisie. L'amour partagé d'une famille entière. L'amitié d'un pêcheur et d'un artiste peintre. L'amour d'une jeune fille pour un homme mûr. Mais surtout, l'Amour du Beau, des Arts et de la Vie. Mais si l'Amour ne peut survivre à la terreur et l'obscurantisme, l'Espoir le peut.

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Catégorie 1, maison d'édition favorite: "Un paquebot dans les arbres" de valentine Goby chez Actes Sud

Un paquebot dans les arbres

 Dans les années 50, Le Balto est le coeur palpitant de bonheur et de musique d'un petit village, non loin de Paris. Il faut voir son patron Paulot, souffler dans son harmonica en battant la mesure, assis sur le dossier d'une chaise ou valser avec Annie, sa fille aînée, sur le petit plateau d'une des tables du bistrot. Chacun laisse échapper les notes de sa gorge pour chanter "Frou-Frou", "J'ai deux amours" ou "Etoile des neiges". Chacun est heureux. Paulot, généreux, laisse les ardoises s'allonger. Sa femme Odile n'a d'yeux que pour lui. Elle le seconde en retrait avec Jacques, leur bébé, lové dans ses bras. Mathilde est la seconde fille. Elle voudrait que son père l'aime pour elle mais elle lui a entendu dire "qu'il avait déjà une fille" alors elle devient un vrai garçon manqué, le garçon qui manque à son père. Il l'appelle "mon p'tit gars". Elle préférerait être aussi belle que sa soeur mais c'est la seule façon qu'elle ait trouvé pour remplacer ce bébé Pierre, né juste avant elle et mort à deux mois.

 Puis, la maladie frappe. Une maladie qui fait peur, qui repousse, qui isole: la tuberculose. Il faut quitter Le Balto autant dire s'arracher le coeur. La famille Blanc résiste, élevage de souris, vente ambulante de frites, il faut nourrir les bouches mais les dettes s'accumulent. Les anciens amis se détournent et oublient facilement les largesses de Paulot face aux bacilles.

 Le sanatorium est inévitable. Même Odile est infectée. Les deux parents sont hospitalisés. Il faut trouver de l'argent. Il n'ont pas droit à la Sécurité Sociale , ils n'ont jamais été salariés. Annie est déjà partie à Paris avec Bastien pour fonder une famille. Mathilde se démène pour trouver des solutions mais elle est trop jeune et, comme son frère, elle est confiée aux Services Sociaux, mise en famille d'accueil. Elle est obligée de subir alors qu'elle veut lutter pour ses parents, pour son petit frère, pour rapprocher sa grande soeur. Elle en veut aux anciens "amis" du temps du Balto. Elle connaît la misère, les privations, la faim, le froid sans se plaindre. Elle s'accroche, visite ses parents tous les week-end, ne leur révèle rien de ses conditions de vie. 

 Mathilde ne devra son salut qu'à sa volonté et sa ténacité envers l'adversité mais aussi à quelques personnes rencontrées sur son parcours: Jeanne, Nicole, Mme Lefèvre. Grâce à cette dernière, elle apprend, la guerre d'Algérie, l'OAS, l'injustice.

Mon avis: Dire que lorsque j'ai acheté ce livre, un peu par hasard, pour son titre insolite, sa photo de couverture superbe en vue de combler la ligne du défi: maison d'édition préférée, je ne pensais pas découvrir une telle pépite.

 Comment ne pas être bouleversée par le destin de cette femme, Mathilde, qui revient 50 ans plus tard entre les murs en ruine du sanatorium abandonné. Ce récit vibrant, inspiré d'une histoire réelle, est un hymne à l'amour filial inconditionnel sans jamais flirter avec le misérabilisme. On ne peut que s'attacher à la personnalité de l'héroïne avec laquelle on grandit et qui, à chaque épreuve, puise au fond d'elle-même la force de rebondir en portant sa famille à bout de bras. "Les trente glorieuses", pour certains, ne furent que du bonheur dans les manuels d'Histoire de France.

 J'ai découvert l'écriture directe et vivante de Valentine Goby contant l'histoire de la descente aux enfers de cette famille heureuse au travers des mots d'une Mathilde tendre ou dure mais toujours lumineuse dans son combat pour la sauvegarde de sa dignité. C'est un ouvrage extrêmement bien documenté sur le sujet difficile qu'est la tuberculose au milieu du siècle dernier, l'isolement, le sanatorium, l'absence de médicaments efficaces. Cela peut paraître difficile à supporter mais la peur de la contagion aboutit toujours aux mêmes effets, quelque soit l'époque. Il n'y a pas si longtemps, le même rejet social s'est reproduit pour les malades atteints du SIDA. L'auteur utilise des mots forts:"Le tubard c’est la mort qui rôde. Un mort-vivant. Un assassin" 

 En toile de fond la guerre d'Algérie avec ses atrocités, ses traumatisés, ses attentats, ses massacrés, Valentine Goby nous offre un texte plein d'amour et d'émotion. Sur ce nouveau coup de coeur, je suis certaine de reprendre rendez-vous avec cette auteure pour mon plus grand plaisir.

 

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Commentaires
A
Décidément tu as l'art et la manière de donner envie (ou pas) de découvrir les livres.<br /> <br /> Je n'en connais aucun de ceux-ci, mais ça donne envie de les découvrir. C'est juste le temps qui me manque.
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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
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