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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
29 octobre 2017

Défi lecture, catégories 52, 41 et 54....#60/80

 

Hurlevent-Kangourou-Allumettes

 

 

Catégorie 52, époque victorienne: "Les Hauts de Hurlevent" de Emily Brontë

Les hauts de Hurlevent

 Exceptionnellement, je ne vais pas résumer ce livre qui est un des grands classiques de la littérature romantique du XIX° siècle. Il réunit tous les éléments majeurs du genre, amours tourmentés et inassouvis, violence des sentiments, manipulations, tortures morales ...etc, le tout dans un décor sauvage de landes anglaises battues par des vents glaçants.

 L'ensemble est lugubre à souhait, dominé par la personnalité manipulatrice et cruelle d'Heathcliff que je n'arrive toujours pas à détester. Il est tellement rusé dans son art de la manipulation, attendant avec une patience infinie le bon moment pour réaliser sa vengeance longuement fomentée, devant l'impuissance de son entourage qui ne peut que subir, qu'il en est fascinant. Son désespoir emplit tout l'espace, ne laissant aucune chance à la moindre bride de douceur de s'insinuer près de lui ou des siens. Il prend un malin plaisir à torturer ses proches dans un désir de vengeance qui restera inassouvi par l'installation du calme et de sérénité de la fin du roman.

 Le roman est si noir qu'il est difficile d'imaginer l'âge de son auteure, fille de pasteur, n'aimant pas s'éloigner de sa lande. La dextérité littéraire dont elle fait preuve en élaborant ce récit en miroir, ce sont les propos rapportés des servantes qui construisent le corps de l'histoire, est extraordinaire. Elle décrit avec précision des scènes brutales dues à des personnages torturés qui auraient certainement été différents si la vie leur avait été plus douce. Elle ose, également, égratigner les tabous religieux en suggérant de façon sous-jacente, une remise en cause de l'existence de l'au-delà, en floutant la frontière bien établie entre le bien et le mal.

 J'ajouterai une touche personnelle en avouant avoir une secrète passion pour Heathcliff et sa folie amoureuse depuis mon enfance. Le réalisateur Jean-Paul Carrère avait envahi une tour quasi abandonnée, voisine de mon village natal pour y tourner des scènes de sa version du roman destinées à une série télévisée. Claude Titre et Geneviève Casile interprétaient les rôles principaux. Mais il y avait aussi les acteurs enfants que tout mon groupe de copains-copines retrouvait rapidement après l'école dans la plus grande admiration. Je garde de très bons souvenirs de Philippe Normand, au regard si pénétrant, nous contant sa vie de comédien-enfant en nous sémant des étoiles dans les yeux comme on peut en avoir à 10 ans. J'ai pu retrouver la série grâce aux archives de l'INA et même si sa technique de tournage est totalement désuète, elle me rappelle tellement de bons souvenirs!

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Catégorie 41, auteur australien: "L'ivresse du kangourou" de Kenneth Cook

L'ivresse du kangourou

 Ce recueil est composé de 14 courtes nouvelles totalement loufoques. Kenneth Cook fait pénétrer le lecteur dans la 4° dimension. Il vient s'ajouter à deux autres livres: "La vengeance du wombat "et " Le koala tueur ". Ces récits sont originaux, complètement allumés tout comme les animaux et les australiens que rencontrent l'écrivain. Entre un rat psychopathe, une autruche hystérique, un kangourou alcoolique sujet au délirium tremens, un pilote phobique assiégé par des lézards à collerette, un setter idiot passionné de natation, une balle de cricket virevoltante à sa guise, j'ai passé un excellent moment, totalement déjanté à rire et à sourire mais......je ne suis pas certaine de vouloir visiter l'Australie demain!! 

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Catégorie 54, auteur québécois: "La petite fille qui aimait trop les allumettes" de Gaëtan Soucy

La petite fille qui aimait trop les allumettes

 Deux adolescents vivent avec leur père en marge de la société dans un grand domaine à l'abandon. Un matin, ils le découvrent pendu. Libérés de la tyrannie paternelle et de ses violents "horions", ils doivent se débrouiller seuls et affronter les "semblables" composés de "chevaliers en habit brillant comme des cuillères au soleil", de "marioles", de "bambins sans ailes" et de "putes ou saintes vierges...la nuance est infime". Le récitant, le plus jeune des deux orphelins, est "secrétarien" et transcrit dans un grand grimoire tout ce qui se passe dans sa vie..... le quêteux, le Juste Châtiment, la salle de bal, la mine....et bien d'autres mystères.

 Mon avis: Quelle surprise! Ce roman aurait illustré la catégorie 65 (aucune autre catégorie) avec brio. L'auteur ouvre la porte d'un univers détraqué, oscillant entre le fantastique et la tragicomédie. Il emploie un langage inédit aux mots souvent crus et à la syntaxe particulièrement déroutante en donnant l'impression d'une histoire décousue et absurde. Je dois avouer que je n'y ai pas échappé. Au début du roman, l'étrangeté de l'écriture n'arrivait pas à capter mon attention et je devais relire plusieurs fois certains passages sans être sûre, malgré tout, d'avoir compris. J'aurai pu abandonner mais j'aime aller au bout des choses. Quelle belle résolution pour naviguer de surprises en chocs successifs et arriver à la fin du volume, ahurie par cette histoire, bien construite, pleine de noeuds qui dévoile ses secrets en se déroulant comme un ruban.

Ayant été élevés loin de toutes sources d'éducation, uniquement en compagnie d'un père alcoolique, les deux "frérots" ont poussé comme des herbes folles, l'un porté sur l'écriture et les romans de chevalerie et l'autre sur le "tripotage de ses parties", avec comme seul jouet une grenouille nourrie avec des mouches mortes qu'ils lui attrapent.

Peu à peu, on se rend compte que le plus futé lit des "dictionnaires" chapardés dans l'immense bibliothèque vouée à la décrépitude de l'humidité dont ses préférés sont Les Mémoires du Duc de Saint Simon et l'Ethique de Spinoza. Il est le narrateur et puise ses mots dans ces lectures. Il est obligé d'en inventer pour désigner des choses qu'il ne connaît pas. Une moto devient "un bourdon géant de la grosseur d'un baudet". L'étrangeté de l'écriture utilisant des mots issus du patois et de l'ancien français, souvent grossier mais dépourvu de vulgarité tant ils sont nimbés d'ignorance, donne une teinte ubuesque à des évènements totalement absurdes, parfois comiques, parfois terrifiants.

L'auteur prend en otage le lecteur en le rendant spectateur d'une confrontation de deux mondes distincts dans une histoire extravagante, totalement inédite. Même si on est complètement abasourdi par ses trouvailles lexicales rendant la compréhension du roman difficile, il faut tenir bon. Le meilleur est à venir. En tournant la dernière page on ne peut rester indifférent à ce récit, on est soit révulsé, soit fasciné, comme je l'ai été.

Un extrait: "Il m'a considéré d'une façon qui m'a fait tout chaud dans les enflures............ Père nous obligeait à assumer à tour de rôle le rôle de secrétarien. Ce sont des tâches qui incombent à des fils.........Si moi je le faisais de gaîté de coeur.....mon frère lui, le coeur lui levait à la seule idée, frère était forcé d'avoir aussi ses journées dans le grimoire, qui entrelardaient les miennes, et rien qu'à les lire on rit, si on a le coeur à rire, car des fois, je dis la chose comme elle est, frère se contente de faire semblant, de barbouiller les lignes avec son crayon, il est con mon frère, un vrai fil à plomb.

NB: toutes les parties en italiques sont tirées du roman donc sont de l'auteur.

 

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60 livres lus sur 80 prévus au défi , palier lecteur passionné atteint.

 

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