223 pages
Editions Amazon
L'auteur:
Trentenaire franco-espagnole, Iris Oscar Vega habite la région parisienne où elle est née et où elle a grandi. Loin d'Alicante mais l'Espagne coule dans ses veines et se lit sur son visage. Elle est en couple et maman de deux jeunes enfants aux caractères bien trempés. Ibériques, eux aussi! La famille: son équilibre, sa force. Tout comme les amis. Elle est amatrice de danse, de tennis et de ski: pour s'exprimer et se dépenser. Mais écrire, c'est ce qu'elle aime par-dessus tout. Vingt ans qu'elle s'y attelle! Ingénieur dans la fonction publique, elle est parvenue à concilier ses deux passions - la technique et les livres - en créant un comité "écriture" au sein de son institution.
4° de couverture:
Tout juste trentenaire, Gaspard vit aux crochets de ses parents dans le VI° à Paris. Bien né, bien diplômé, il ne sait pourtant pas par où commencer dans la vie. Ses deux petits frères ont trouvé leur voie dans l'industrie et dans l'Art quand lui reste englué dans un doctorat de bio. Pour oublier.
La fiancée de son frère cadet, abîmée par la vie, cerne vite sa personnalité d'enfant gâté. Elle ose lui dire ses quatre vérités. Belle-soeur impertinente, elle devient rapidement mystérieuse et obsédante.
La douce nuit qui marche, c'est l'histoire d'un type qui vit une descente aux enfers ... et qui revient à la vie, aux valeurs toutes simples, à travers le regard d'une femme. Celui de Clémentine. Un regard candide, authentique. Bien loin des codes de son milieu, de ce satané héritage familial, de toutes ces choses qui lui collent à la peau. Une prison.
La douce nuit qui marche, c'est aussi l'histoire d'une gangrène. Omniprésente, taboue et finalement mal connue. L'alcool. Un monde à part, de gueules cassées, de gens bizarres. Pas toujours bien intentionnés.
Premier roman, La douce nuit qui marche décrit ces moments de la vie où on bascule, on s'enfonce. Sans raison apparente. Perdre pieds se joue à peu de choses.
Ressusciter aussi.
Mon avis:
Je vais tâcher d'être impartiale car je connais particulièrement bien Iris et sa famille depuis très longtemps. Sous un nom de plume revendiquant ses origines ibériques, cette jeune femme dynamique transmet par son écriture simple, claire et sensible tout le mal-être vécu par son héros confronté à l'incompréhension de son entourage.
Avant même avoir tourné la première page, ma première critique a été celle du titre que j'ai eu du mal à retenir, ce qui me semble être un handicap pour un ouvrage mais j'avais oublié l'attachement de cet auteur pour la poésie, digne héritage paternel.
Le combat titanesque que livre Gaspard contre l'alcool, Iris le connaît bien pour s'être documentée auprès d'associations et pour avoir assisté à la descente aux enfers, sans retour, d'une jeune ado puis adulte dont elle était très proche. Son livre est d'autant plus touchant quand on connaît les personnes réelles qui ont, sans aucun doute, été la palette que le pinceau d'Iris a caressée pour brosser quelques uns des traits de caractère des personnages qui l'habitent.
Ce premier roman est écrit dans un langage actuel, direct et franc. Pas de faux-semblants. Uniquement du ressenti, de la souffrance ravageant tout sur son passage dans une spirale descendante vertigineuse. Le lecteur assiste impuissant à cette fuite en avant effrénée, tout comme la famille et les amis du personnage principal. Sa planche de salut sera certains compagnons d'infortune qui ont connu le même parcours. Seuls l'Amitié et l'Amour seront capables de tenir tête à ses démons et de le sauver de son addiction meurtrière.
Si ce récit a une chute plutôt optimiste, il n'est pas sans laisser les traces d'un combat contre soi-même. Il décrit la difficulté des êtres fragilisés, non seulement à voir le bout du tunnel mais aussi à accepter l'aide d'autrui. Accepter son statut de "malade" est difficile tant le monde irréel créé par l'alcool devient le quotidien. Mais il est nécessaire et représente le premier pas vers une guérison possible.
Afin de clôturer dignement cette chronique, voici le poème de Charles Baudelaire provenant de son oeuvre prodigieuse "Les fleurs du Mal" (édition posthume) dont le titre du livre est extrait, illustrant magistralement la douleur de Gaspard et légitimant ce choix:
Recueillement
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais le Soir; il descend; le voici:
Une atmosphère obscure enveloppe la ville,
Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile,
Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci,
Va cueillir des remords dans la fête servile,
Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années,
Sur les balcons du ciel, en robes surannées;
Surgir du fond des eaux le Regret souriant;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,
Et, comme un long linceul traînant à l'Orient,
Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.