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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
15 janvier 2019

"Le gout du bonheur", trilogie de Jeanne Laberge.

 Lors du Défi Lecture effectué en 2017, mon libraire m'avait conseillé cet auteur pour illustrer la catégorie: auteur canadien. En vantant la qualité de l'écriture, il avait chatouillé ma curiosité mais sachant que je devais lire la trilogie de plus de 800 pages pour chaque volume, j'ai préféré porté mon choix sur un livre plus court afin de remplir le "contrat" auquel je m'étais engagée. Tout récemment, une amie, emballée par cette série de romans, m'a gentiment proposé de me la prêter, ce que je me suis empressée d'accepter n'ayant plus de contrainte de temps.

 Concernant cette trilogie, pour ceux et celles d'entre vous qui seraient intéressés par sa découverte, je vous déconseille fortement de lire ma chronique en une seule fois mais plutôt volume après volume, telle que je l'ai rédigée. Le fait de vous offrir la 4° de couverture a pour effet pervers de vous dévoiler certaines situations qu'il est préférable de découvrir en cours de lecture, pour laisser le plaisir intact!

L'auteur:

M Laberge quebec

 Québécoise de naissance et de coeur, Marie Laberge est d'abord connue en sa qualité d'auteur dramatique et de comédienne avec un itinéraire des plus riches. Sa scolarité effectuée chez les Jésuites, elle suit des cours de danse. Étudiante en journalisme, elle fait partie d'une troupe ce qui l'oriente sur le Conservatoire d'art dramatique de Québec en se détournant de son premier choix.

 Elle devient comédienne, metteur en scène et enseignante d'Art dramatique. Elle écrit une vingtaine de pièces qui seront toutes montées et jouées sur scène. Elle occupe divers postes, toujours axés sur le théâtre et multiplie ses activités qui la récompenseront de plusieurs prix. En 1989, elle reçoit la Croix de Chevalier de l'Ordre des Arts et des Lettres, en France, pour la pièce de théâtre "L'Homme gris", violence verbale inouïe d'un père envers sa fille.

 Sa bibliographie est riche et variée, couronnée par de nombreux prix littéraires québécois. La Trilogie "Le goût du bonheur" est récompensée par le Prix du Salon du livre de Montréal en 2001. Aujourd'hui Marie Laberge est membre de l'Union des écrivaines et écrivains québécois. 

 

 

Tome 1: Gabrielle

Gabrielle

 

 

 

 

 Éditions Pocket

 868 pages


 

 

 

 

 

 

 

 

 

4° de couverture

 Une île non loin de Québec où les étés ont des allures de paradis. C'est là que les cinq enfants Miller, bientôt six, grandissent entourés d'amour, dans une maison aux portes ouvertes en grand. C'est que Gabrielle, leur mère, et Edward, leur père, n'hésitent pas à accueillir ceux dont la fortune, contrairement à la leur, n'a pas survécu au krach de 1929. Dans une société encore très puritaine dominée par une Église implacable pour les femmes, Gabrielle défend farouchement son clan et ce goût du bonheur qu'elle transmet à ses enfants aussi passionnés qu'elle.

Mon avis:

 Romantisme, aventure, originalité, étude de moeurs de la bourgeoisie québécoise au début du 20° siècle.... il existe une multitude de noms pouvant décrire le sujet traité par Marie Laberge. Mais, quelque soit celui choisi, on ne peut que se sentir envelopper par la chaleur familiale des Miller avec l'extraordinaire personnalité au flamboyant charisme de Gabrielle. Sans conteste, sa modernité fait d'elle, une femme d'aujourd'hui.

 J'avoue que pendant les premières dizaines de pages, je me suis demandée si j'allais poursuivre et puis les caractères des Miller ont pris de l'épaisseur. Je me suis sentie comme invitée à entrer dans leur intimité. L'eau de rose s'est estompée ... un peu ... beaucoup ... laissant place à une véritable aventure faite de bonheurs mais aussi de drames, de blessures, d'amours impossibles, toujours assumés. Marie Laberge appuie parfois un peu trop, à mon goût, sur le coté charitable de la "dame patronnesse" Gabrielle mais inévitablement, elle crée une empathie auprès du lecteur avec une tendresse infinie vis à vis des personnages les plus démunis.

 Avec ce tome, impossible de sombrer dans la mélancolie. La force de caractère et surtout l'amour de la Vie de Gabrielle est très communicatif. Bien que le pays et l'époque soient un peu éloignés des nôtres, on retrouve une question des plus modernes, la place de la femme dans la société active.

 

 

Tome 2: ADELAÏDE

lgdb Adélaïde

 

 

 

 

 

 

 Editions Pocket

 939 pages

 

 

 

 

 

 

 

 

4° de couverture:

 La mort accidentelle de Gabrielle, âme de la tribu, bouleverse les Miller. Les étés immuables sur l'île québécoise d'Orléans sont à jamais perdus. La guerre et les réquisitions ont dispersé la plupart des hommes. Et le destin s'acharne sur Adélaïde, désormais épouse du brillant Nicholas McNally sans cesse menacé par la démence de sa propre soeur. Adélaïde, elle, reste droite malgré tous les déchirements qui l'assaillent. Si la jeune femme conserve le goût du bonheur en pleine tragédie, c'est à Florent qu'elle le doit, cet ami de toujours dont la tendresse défie les années. Pour combien de temps encore?

Mon avis:

 Ce second tome, sur fond de 2° guerre mondiale, débute par un bouleversement familial: la disparition de la figure de proue du tome précédent: Gabrielle. Adélaïde, sa fille aînée, reprend allègrement le flambeau de la femme active et moderne. Pourtant sa situation se complique et son avenir qui semblait tout tracé vacille, prêt à basculer dans le chaos. Ses rapports avec sa famille deviennent très tendus. Heureusement, elle peut compter sur l'amitié et l'amour indéfectibles que lui voue Florent, l'ami d'enfance et Nicholas, l'ami de sa mère.

 Après avoir découvert la famille Miller et son entourage, ce volet laisse place à la famille McNally, celle que construit Adélaïde. Malgré la ressemblance frappante avec sa mère, cette jeune femme est très différente, plus sauvage et plus autonome. Si Gabrielle participe aux prémices de la libération de la femme, Adélaïde est clairement positionnée sur son émancipation en dirigeant la McNally Entreprises seule face au mépris souvent affiché de ses interlocuteurs masculins.

 Les personnages rencontrés au premier tome, ont grandi, vieilli, ils confient au lecteur leurs aspirations, leurs rêves, leurs démons. Les enfants de Gabrielle devenus adultes tracent leur chemin avec plus ou moins de facilité. Leurs caractères s'épanouissent pleinement ici. Pour certains, l'amour, la sagesse, la création, la tendresse et la rage de vivre leur permettront de s'accomplir pleinement, pour d'autres la jalousie, l'envie ou la folie les emportera dans un enfer de destruction. 

 Un aspect non négligeable de ce livre, est qu'il montre un volet de la seconde guerre mondiale peu connu pour les européens de nous sommes. On sait l'engagement des États-Unis mais celui du Canada était tout aussi important. Si les combats n'ont pas affecté le sol canadien, il n'en reste pas moins que les restrictions, les privations et le rationnement étaient des conséquences inéluctables sur le quotidien en réponse aux demandes des efforts demandés par le gouvernement de l'époque. Ce conflit n'a pas été qu'un écho lointain d'Outre-Manche puisque nombre de canadiens sont tombés sur le sol français ou dans les camps nazis.

 En résumé, l'esprit de ce livre est encore plus proche de nous et pas seulement dans la chronologie de l'histoire. Si la condition de la femme y est toujours évoquée, l'accent est surtout mis sur la différence, la façon de vivre de chacun et d'en assumer le choix face à une société par toujours prête à l'accepter.

 

 

Tome 3: Florent

lgdb Florent

 

 

 

 

 

 

 

 Editions Pocket

 1091 pages

 

 

 

 

 

 

 

4° de couverture:

 Les turbulences de la vie et de la guerre ont brisé Adélaïde. Seule l'affection de Florent éclaire ses journées. Ce dernier, à présent couturier célèbre, n'a pas été épargné non plus: il entretient désormais une liaison agitée avec un acteur. Il va devoir une fois encore soutenir sa vieille amie car Adélaïde finit par tout apprendre sur son défunt mari... Mais est-il encore temps de souffrir?

 Les destins se heurtent et se conjuguent à la recherche d'une sérénité incertaine et toujours dérobée. Même si le sort en est jeté, les personnages ballottés par la vie conservent, envers et contre tout, le goût du bonheur...

Mon avis:

Revoilà tous les protagonistes encore en vie de cette saga avec la troisième génération devenant adulte à son tour. Si le premier tome débutait à la fin des années folles (1930), le second se déroulait au milieu du siècle dernier, celui-ci se termine dans les années 70.

 A nouveau les destins de chacun vont de croiser, s'entrelacer, s'affronter, s'éloigner, se retrouver... Adélaïde est confrontée à un dilemme difficile, protéger les siens ou leur laisser faire leur choix même si ce ne sont pas les meilleurs à ses yeux. Elle a du mal à accepter, en résonance à sa propre expérience, les voir se blesser par les embûches qu'ils rencontrent. Sa famille, elle l'a construite seule avec ses enfants, ses frères et soeurs, son cercle intime bien sûr mais aussi tous ceux qu'elle a chéris, tant dans sa vie privée que dans sa vie professionnelle. Ils ont tous vécus des bonheurs et des drames, ils ont été heureux ou ont souffert. Ils ont tous, tout simplement, vécu.

 Florent, devenu créateur de mode réputé, fait enfin face à son homosexualité même s'il n'arrive pas encore à l'accepter. Par son talent indéniable, son quotidien s'entoure d'artistes connus ou moins connu en entrant dans le monde du théâtre et du cinéma.

 Ici, j'emettrai une petite critique concernant le titre de ce troisième volet. Les deux premiers portent le nom du personnage qui est le pivot du volume et dont l'histoire est racontée au lecteur. Dans celui-ci, bien que Florent soit omniprésent et que ses sentiments soient exploités de façon plus profonde, il n'est pas au centre de l'histoire. Les personnages ne gravitent pas autour de lui comme ils l'ont fait pour Gabrielle ou Adélaïde. Malgré tout, la saga se lit toujours avec autant de facilité et de passion.

 

Mon avis sur la trilogie:

 Grâce à ces trois volumes, j'ai rencontré une plume sensible et puissante, poignante et délicate. Marie Laberge est une extraordinaire conteuse dont le talent se met au service de femmes extraordinaires. Elle ne s'embarrasse pas de descriptions trop longues ni de reconstitutions historiques trop précises, mais s'acharne à rendre l'atmosphère palpable. Ce sont des passions qui s'expriment sur fond d'évènements historiques et non l'inverse. Tous les personnages s'invitent dans la tête du lecteur, empoignant leur destin avec la farouche volonté de combattre les conventions sociales si celles-ci leur paraissent inadaptées quitte à en payer le prix fort.

 J'ai trouvé rafraîchissant l'utilisation d'expressions québécoises insolites pour la française que je suis. Heureusement, un lexique en fin de volume permet de traduire s'il est besoin. Certaines sont "devinables" alors que d'autres sont plus imagées et mystérieuses. Par exemple: placoter (bavarder), chicoter (tracasser, agacer), en famille (enceinte), gnochon (niais), zigonner (tergiverser), ratoureux (rusé), se péter la fiole (se casser la gueule), narfée (énervée), faire la baboune (bouder), mangé des mouches (dévoré par les moustiques) et tant d'autres tout aussi savoureuses.

 En résumé, j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de cette saga familiale. Le romantisme n'est pas mon genre de lecture de prédilection mais quand la plume est belle, le plaisir est agréable et je connais quelques lectrices de mon entourage qui seraient enchantées d'entrer dans le monde de Marie Laberge.

 

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Commentaires
C
Merci pour cet article !! Je crois que je vais me laisser tenter pour mes prochaines lectures....😊
Répondre
A
oh, oh, les couvertures de ces bouquins ça me dit quelque chose, j'ai l'impression de les avoir déjà vu sur les rayons de la bibliothèque municipale.... <br /> <br /> allez hop ma P.A.L. va s'allonger ;)
Répondre
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