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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
26 août 2020

"Là où chantent les écrevisses" de Délia Owens

Là où chantent les écrevisses

 

 

 

 

 

 Editions du Seuil

 478 pages

 Traduction anglais (américain): Marc Amfreville

 Titre original: "Where the Crawdads Sing" - 2018

 

 

 

 

 

 

 

 L'auteur:

Delia Owens

Délia Owens est née en Géorgie, aux USA en 1949. Elle est diplômée en zoologie et biologie. Titulaire d'un doctorat en comportement animal elle s'installe pendant plus de vingt ans en Afrique avec son mari, chercheur et biologiste.

Grâce à leur expérience du terrain, ils publient ensemble trois ouvrages, tous best-sellers aux USA. Parallèlement, Délia publie de nombreux articles scientifiques dans des revues spécialisées en s'intéressant particulièrement aux espèces animales en danger ce qui l'incite à monter de nombreux projets de sauvegarde de grande ampleur.

Aujourd'hui elle vit dans le Comté de Boundary dans l'Idaho. "Là où chantent les écrevisses" est son premier roman en cours d'adaptation pour le cinéma.

 

 4° de couverture:

Pendant des années, les rumeurs les plus folles ont couru sur "la Fille des marais" de Barkley Cove, une petite ville de Caroline du Nord. Pourtant, Kya n'est pas cette fille sauvage et analphabète que tous imaginent et craignent.

A l'âge de dix ans, abandonnée par sa famille, elle doit apprendre à survivre seule dans le marais, devenu pour elle un refuge naturel et une protection. Sa rencontre avec Tate, un jeune homme doux et cultivé qui lui apprend à lire et à écrire, lui fait découvrir la science, la poésie, transforme la jeune fille à jamais. Mais Tate, appelé par ses études, l'abandonne à son tour.

La solitude devient si pesante que Kya ne se méfie pas assez de celui qui va bientôt croiser son chemin et lui promettre une autre vie.

Lorsque l'irréparable se produit, elle ne peut plus compter que sur elle-même ...

 

 Mon avis:

 Je n'ai pas l'habitude d'utiliser mes chroniques littéraires pour critiquer les auteurs quels qu'ils soient. J'ai beaucoup trop de respect pour eux et leur travail. Je préfère laisser reposer en silence les livres qui ne m'ont pas touchée mais aujourd'hui je vais transgresser cette règle car "Là où chante les écrevisses", encensé par la critique et de nombreux lecteurs m'a laissée très partagée, n'arrivant pas à emporter le fléau de ma balance du ressenti totalement d'un coté ou de l'autre. Je n'ai pas adoré, je n'ai pas détesté, je ne suis pas restée indifférente et cette sensation morcelée est quelque peu dérangeante.

 Commençons par les points auxquels j'ai totalement adhéré. 

 Le titre énigmatique et la couverture, bien que j'aurai préféré une aquarelle naturaliste, sont incontestablement des invitations à la découverte du mystère que peut cacher l'auteur.

 Délia Owens est une biologiste et zoologiste confirmée. Elle a le don de faire vivre par des mots toute la complexité d'un milieu sauvage, souvent hostile qu'est le marais. Les descriptions des espèces animales qui s'y cachent, s'y désaltèrent, s'y reposent et s'y reproduisent sont tout simplement grandioses. La biodiversité des marais de Caroline du Nord est dévoilée avec beaucoup de générosité, rendant ainsi un vibrant hommage à la Nature. Le message écologique est très clair, bien que quelqu'un peu répétitif, la Nature n'a aucun besoin de l'Homme pour s'épanouir dans la beauté.

 Kia, l'héroïne, la Fille des Marais, est semblable à une enfant sauvage abandonnée par tous les membres de sa famille au fil du temps. Vivant dans un contexte de violence où l'alcool est omniprésent, on s'attache à la force et à l'énergie que cette sauvageonne développe pour survivre dans la précarité et la plus traumatisante des solitudes. Le récit aborde là un point essentiel: la discrimination de la différence; pas seulement par la couleur de la peau mais par la façon de vivre. L'inconnu ou le hors normes fait peur!

 Les vers disséminés çà et là dans le texte sont un atout tant la poésie est capable d'exprimer, de façon lyrique, les tourments et les extases de l'âme, plus difficilement descriptibles en prose: l'abandon, l'amour, la solitude, la tendresse, la colère, la méfiance, l'amertume ...

 Maintenant les points qui m'ont semblé bien faibles.

 Hybride de Tom Sawyer de Mark Twain et de Manon des Sources de Marcel Pagnol, Kia est abandonnée dans les marais dès l'âge de dix ans dans l'indifférence générale même des services sociaux qui tentent sans conviction d'approcher l'enfant, ce qui me semble fort peu crédible.

 Je n'ai pas du tout adhéré à "l'enquête policière" tellement légère, molle et convenue, peut-être parce que je suis adepte du genre. Les personnages me semblent sans épaisseur ni réelle personnalité et surtout très caricaturaux: l'enfant rustre et sale devenant une jeune fille éclatante de beauté et intelligente ayant vaincu son analphabétisme, le gentil couple de noirs restant malgré tout sur sa réserve conscient de sa place au bas de l'échelle sociale, le beau cavaleur manipulateur au magnétisme puissant débitant des promesses creuses et intéressées, l'amoureux transit et réservé malheureusement aussi lâche que les autres mais repentant, plein de remords....Bref, une suite de clichés qui, à mon sens, dessert le récit par un romanesque un peu éculé.

Pour rester soft, je préfère ne pas m'étendre sur la platitude de certains dialogues.....

 En résumé:

 J'ai été captivée par le début du roman qui est réel hymne à la Nature où le marais est un personnage à part entière avec la dénonciation à peine évoquée mais qui incite à la réflexion sur la maltraitance de l'environnement souvent bradé à des fins pécuniaires pour le tourisme ou pour l'exploitation de toute autre ressource naturelle.

 La personnalité de Kia domine par sa force de caractère, ses émois d'adolescente sans possibilité de se confier à quiconque, sa résilience vis à vis de la souffrance infligée par ses proches et les habitants de la ville, sa solitude noyée dans le réconfort que lui apporte les oiseaux des marais...

 La construction de l'histoire est intéressante menant en parallèle la vie de la jeune femme de 1952 à 1969 et l'enquête se déroulant en 1969 même si celle-ci manque d'intérêt. Ma curiosité s'est sérieusement étiolée au fil des pages avec un petit sursaut lors du procès où l'avocat Tom Milton s'évertue à sauver la tête de sa cliente. Je ne crois pas spoiler quoi que ce soit, la succession des événements étant tellement "attendue"! Je suis même très étonnée que certains aient été surpris par le dénouement, qui n'est que la confirmation du très prévisible!

 Au final, j'ai eu beaucoup de mal à m'identifier aux personnages tant certains dialogues manquent de naturel. La disparité des émotions provoquées entre l'intrigue elle-même et les descriptions de la nature est telle que je me demande si la traduction rend vraiment hommage à l'auteur ... Je n'aurai jamais la réponse à cette interrogation ne possédant pas assez de "bagage" linguistique pour accéder à la version originale.

 Pressenti pour une adaptation cinématographique, je souhaite que l'émotion induite par les images soit meilleure que celle provoquée par le livre en apportant beaucoup plus de texture aux différents personnages sans éclipser la nature profonde de Kia et surtout en dénichant un réalisateur capable d'offrir des panoramas enchanteurs du marais. J'ai un nom qui, régulièrement, est venu frappé ma mémoire pendant ma lecture, il nous a offert tant de belles images sur les merveilles de la Nature, mais je le garderai secret. Je suis si ignorante sur le sujet, il ne doit pas être le seul dans le monde du Grand Écran.

 

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Commentaires
A
Merci de ton retour ;
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