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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
13 octobre 2020

"Neverland" de Timothée de Fombelle

Neverland

 

 

 

 

 

 

 Editions Folio - 2020

 125 pages

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 L'auteur:

Timothée de Fombelle

Timothée de Fombelle est né à Paris en 1973. Après des études de lettres il devient enseignant. Très tôt, il se passionne pour le théâtre pour lequel il écrit et met en scène. Mais ce n'est pas tout, le livre lui tend les bras et il possède un  palmarès impressionnant de prix couronnant ses écrits pour la jeunesse, littérature ou albums illustrés, traduits en plusieurs langues.

Neverland est son premier livre destiné aux adultes ... ou plutôt aux enfants devenus adultes.

 

 4° de couverture:

"La chambre de mes grands-parents était la tour de contrôle de notre univers. Mais ni le tapis épais, ni les tiroirs remplis de trésors, ni même cette minuscule tétévision couleur installée un jour de folie moderne, rien de cela n'était l'essentiel du rayonnement de la chambre du premier étage. Ce qui faisait battre notre coeur en y entrant, c'était nos grands parents et la manière qu'ils avaient de nous en ouvrir les portes."

Neverland est un retour au pays d'enfance, un irrésistible voyage vers ces hauts territoires perdus que nous portons tous en nous.

 

 Mon avis:

Une amie connaissant mon goût prononcé pour la littérature et bouleversée par la lecture de cet écrit m'a donné envie de le découvrir. 

Ne lisant plus depuis longtemps de littérature pour la jeunesse, je ne connaissais pas Timothée de Fombelle. J'ai donc découvert sa plume dès les premières lignes du livre et quelles lignes! Amoureuse des mots comme je le suis, j'ai pu savourer chaque image, chaque phrase qui m'ont donné rendez-vous aux confins de l'enfance.

Ce petit écrit de 125 pages n'est pas qu'un livre sur des souvenirs d'enfance mais un livre sur l'enfance elle-même. Pour s'immerger dans cette lecture il faut laisser de coté toutes ses attentes, ses envies, ses références à d'autres textes et se laisser bercer par la musique interne et personnelle qui ne manquera pas de vous envelopper et de résonner dans votre coeur pour peu que vous vous laissiez la chance de l'entendre.

Pour l'auteur, l'enfance est un personnage à part entière, un cheval docile ou fougueux, attendant des caresses ou piaffant d'impatience dans un monde imaginaire où Peter Pan n'a aucune place.

Ce conte onirique et métaphorique est émaillé de souvenirs réels de l'écrivain, sa fratrie, ses parents, ses grands parents. Si son histoire et ses racines sont différentes des miennes, je n'ai pu réprimer quelques frissons de plaisir ou d'inquiétude comme si ma frontière entre le monde de l'enfance et celui des adultes était devenue poreuse. Les bobos, les jours de fièvre passés au lit dans l'attente de la guérison mais pendant lesquels les plus grandes aventures m'attendaient galopant sur les murs de ma chambre et cette peur toujours aussi terrifiante de l'abandon ... "Le chagrin est une lame qui fend l'enfant en deux."

Les chapitres courts permettent une relecture aisée pour s'imprégner de l'atmosphère particulière qui ne manque pas de titiller les strates de l'enfance bien calées au fond de notre esprit et soigneusement recouvertes par les différentes étapes de notre vie. Par son expérience personnelle, l'auteur nous donne des clés, à nous de nous en saisir pour retrouver une partie de l'enfant oublié qui vit tapi au fond de chacun de nous. L'enfance est un continent à part avec ses codes et sa logique qui n'a rien à envier à celui des adultes.

Certains passages m'ont entraînée bien au-delà de ce que j'imaginais en ouvrant ce petit livre.... les tiroirs interdits du bureau de mon grand-père regorgeant "de taille-crayons, des plumes, ... , un pèse-lettre, un vieux passeport, un marron, une gomme, mêlés à des épluchures de crayons, des élastiques multicolores ou des coquillages." Telle une madeleine de Proust, en lisant ces mots, une odeur de cuir et d'encre séchée a envahi mes narines. La question me taraudant sur l'origine du fouillis composant ce trésor a enfin trouvé sa réponse en lisant: "Le ravitaillement se faisait sûrement par une trappe au fond du tiroir à l'aide de minuscules fourgons postaux tirés par des hannetons."

"Les enfants sont les seuls à sortir des coffres les vêtements oubliés. J'ai porté les habits des morts." Cette phrase a réveillé les nombreuses après-midis passées avec une amie de mon âge, nous improvisant metteurs en scène et peaufinant des pièces de théâtre de notre invention destinées à un succès mondial, fièrement habillées de robes soyeuses sorties d'une malle de son grenier. Je me souviens encore de nos préférées, couleur de barbe à papa pour elle et d'aurore satinée pour moi!

Qui n'a pas lu sur le visage d'un proche, buriné par le temps et les orages de la vie, les frayeurs et les enchantements de l'enfance, seuls souvenirs balayant toute une existence oubliée?

Enfin, je ne peux terminer cette chronique, qui n'en est pas vraiment une, en oubliant les rapports à la lecture cités dans le livre. D'abord la grand-mère de l'auteur, celle qui a sans doute éveillé sa passion pour la littérature: "Elle lit toute la nuit. ... elle s'en va dans des vies lointaines. Impossible d'oublier ce trait de lumière sous la porte qui m'a fait croire que lire c'était attendre quelqu'un." Ensuite l'Enfant lui-même: "Un instant, un seul, lui fait déserter son corps: le temps des livres. Le corps de l'enfant qui lit n'est plus qu'un tas de vêtements qu'il a jeté n'importe où. Le livre est ouvert sur la moquette. Les vêtements glissent du lit ou font les pieds au mur. Il est en train de lire. Où est-il passé?"

Voici quelques mots pour essayer de présenter un livre qui nous propose un voyage intérieur, à la rencontre de l'enfant que nous sommes toujours, quelque soit notre âge. Il suffit d'entrebâiller la porte derrière laquelle il nous attend patiemment et accueillir ce petit inconnu qui, rapidement, va reprendre sa place avec ses rêves et ses aventures.

Soyons indulgents avec nous mêmes et acceptons sans amertume, seulement un peu de nostalgie, la différence inévitable entre les adultes que nous sommes devenus et ceux rêvés par les Enfants que nous étions.

Merci Catherine pour cette belle découverte! Ce petit bijou va rejoindre le cercle très restreint de mes livres de chevet pour des relectures stimulantes et apaisantes afin de réintégrer de temps en temps Mon Neverland.

 

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Commentaires
A
rhooo là là, encore un article qui titille ma curiosité. <br /> <br /> ma liste d'envie commence à s'allonger dangereusement !
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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
  • Les loisirs créatifs comme le tricot, le crochet, la broderie, le modelage, le bricolage, les livres et les voyages sont autant de "fils" à l'arc de mes passions à partager et échanger sans modération
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