"Les gratitudes" de Delphine de Vigan

 Éditions Le livre de Poche - 2020

 185 pages

 Édition originale: Jean-Claude Lattès (2019)

 L'auteur:

Delphine de Vigan est née à Boulogne-Billancourt. Passionnée d'écriture depuis toujours, elle édite son premier roman sous pseudonyme en 2001 et elle connaît le succès en 2007 avec le Prix des Libraires pour "No et moi", traduit en une vingtaine de langues et adaptée pour le cinéma par Zabou Breitman en 2010.

Depuis, elle a acquis une réelle notoriété tant auprès du public que de la critique et ses ouvrages aux sujets très humanistes sont souvent primés.

2011, "Rien ne s'oppose à la nuit", Prix du roman Fnac, Prix Roman France Télévisions et Prix Renaudot des Lycéens.

2015, "D'après une histoire vraie", Prix Renaudot et Prix Goncourt de Lycéens, adapté pour le cinéma par Roman Polanski.

2018, "Les loyautés" explore les valeurs humaines en traitant de l'alcoolisme chez les jeunes.

 4° de couverture:

"Vous êtes-vous déjà demandé combien de fois dans votre vie vous aviez réellement dit merci? Un vrai merci. L'expression de votre gratitude, de votre reconnaissance, de votre dette.

À qui?

On croit toujours qu'on a le temps de dire les choses, et puis soudain c'est trop tard."

Après Les Loyautés, Delphine de Vigan poursuit dans Les Gratitudes son exploration des lois intimes qui nous gouvernent.

 Mon avis:

Comment écrire une chronique sur l'émotion? Parce que la plume de Delphine de Vigan est un instrument magique. Nous portons tous en nous des émotions que nous nous efforçons de cacher le mieux possible au fond de nos entrailles pour éviter d'être taxés de tendres ou pire, de faibles. Le court récit des Gratitudes commence sur le ton badin de l'anecdote en abordant un thème évoqué une multitude de fois: les personnes âgées, la fin de vie, le manque de famille...bref, rien de bien gai! "La vieillesse est un naufrage." disait le grand Charles reprenant ainsi une phrase qu'aurait écrit Chateaubriand (1768-1848) dans Mémoires d'Outre-tombe (1841).

Rien de bien original pensez-vous mais il n'en est rien. L'auteure distribue les rôles avec doigté où l'aphasie, maladie qui provoque un trouble du langage allant jusqu'à la perte totale de la faculté de s'exprimer, tient une grande place et titille l'empathie du lecteur jusqu'à l'emporter dans un tourbillon d'émotions.

Je m'attendais à être séduite et, encore une fois, impossible de résister à l'humanité de Marie, de Jérôme et surtout à la personnalité attachante de Michka qui lutte pour ne pas perdre ses mots mais qui s'envolent malgré elle. Le fauteuil roulant devient croulant, les mercis se transforment en merdis et les d'accord en d'abord. Au-delà de cette maladie handicapante, qui donne beaucoup de saveur au récit, Delphine de Vigan s'attaque à un sujet jugé tabou car souvent dérangeant: la vieillesse et la perte d'autonomie. Michka est le miroir de l'évolution inexorable vers la perte de "soi" dans un récit empreint d'une pudeur infinie, non dénué d'humour. 

Ce petit livre au titre bien choisi doit immanquablement faire réfléchir car si nous avons tous vu, dans notre entourage, des êtres aimés subir, avec le poids des ans, une régression physique voire plus, nous avons aussi rencontré des personnes qui nous ont apporté beaucoup, grâce auxquelles nous nous sommes construits et que nous n'avons pas suffisamment remercier par fausse discrétion ou timidité. 

Encore une fois, les mots de Delphine de Vigan m'ont touchée en plein cœur et m'ont apporté un moment de pur douceur inestimable en me rappelant ma Michka à moi qui me disait aussi:" Vieillir, c'est apprendre et accepter de perdre!"

Comments

[annette76710]

ah je ne sais pas si je suis prête à lire ce type de livre.