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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
6 février 2021

"Sigmaringen" de Pierre Assouline

Sigmaringen

 

 

 

 

 

 

 Édition Gallimard - 2013

 360 pages

 

 

 

 

 

 

 

 L'auteur:

Pierre Assouline

Pierre Assouline est un journaliste, chroniqueur radio, biographe et romancier français, né à Casablanca (Maroc) en 1953. Ses diverses activités rayonnent autour du monde littéraire et de l'écriture. Journaliste puis directeur de rédaction du magazine "Lire", chroniqueur radio à France Inter, RTL, France Culture, critique pour "Le Nouvel Observateur", Membre du Comité de rédaction du magazine "L'Histoire", "Le Figaro Littéraire", ne sont que quelques marches de sa carrière.

Parallèlement, il écrit des romans et des biographies souvent couronnés de prix dont le plus prestigieux en 2007, le Prix de la langue française qui est attribué pour "l'œuvre d'une personnalité du monde littéraire, artistique ou scientifique qui a contribué, de façon importante, par le style de ses ouvrages ou son action, à illustrer la qualité et la beauté de la langue française".

En 2012, il intègre l'Académie Goncourt dont il devient juré.

 

 4° de couverture:

En septembre 1944, un petit coin d'Allemagne nommé Sigmaringen, épargné jusque-là par les horreurs de la guerre, voit débarquer, du jour au lendemain, la part la plus sombre de la France: le gouvernement de Vichy, avec en tête le Maréchal Pétain et le président Laval, leurs ministres, une troupe de miliciens et deux mille civils français qui ont suivi le mouvement, parmi lesquels un certain Céline.

Pour les accueillir Hitler a mis à leur disposition le château des princes de Hohenzollern, maîtres des lieux depuis des siècles. Tout repose désormais sur Julius Stein, le majordome général de l'illustre lignée. Depuis les coulisses où il œuvre sans bruit, sans un geste déplacé, il écoute, voit, sait tout.

Tandis que les Alliés se rapprochent inexorablement du Danube et que l'étau se resserre, Sigmaringen s'organise en petite France. Coups d'éclat, trahisons, rumeurs d'espionnages, jalousies, l'exil n'a pas éteint les passions. Certains rêvent de légitimité, d'autres d'effacer un passé trouble, ou d'assouvir encore leurs ambitions.

Mais Sigmaringen n'est qu'une illusion. La chute du III° Reich est imminente et huit mois après leur arrivée tous ces Français vont devoir fuir pour sauver leur peau.

De ce théâtre d'ombres rien n'échappe à Julius Stein. Sa discrète liaison amoureuse avec Jeanne Wolfermann, l'intendante du maréchal, le conduira à sortir de sa réserve et à prendre parti.

 

 Mon avis:

Quel plaisir de découvrir une période de l'Histoire peu connue de la fin de la deuxième guerre mondiale sous une plume magistrale! Merci Christine de m'avoir prêté ce bouquin me sachant friande de récits historiques.

Le décor est posé. Le magnifique château de Sigmaringen, berceau de la famille Hohenzellern depuis des siècles ayant donné à l'Europe et à la Prusse plusieurs souverains notamment Guillaume I et Guillaume II. Suite à l'attentat raté du 20 juillet 1944 contre le Fürher, fomenté par des aristocrates et de hauts dignitaires militaires allemands, Hitler décide de virer les occupants et propriétaires légitimes du château, pour y installer le gratin de la collaboration: le maréchal Pétain, le président Laval et les ministres du gouvernement de Vichy. Tout ce "beau" monde se partagent cette prison dorée avec leurs querelles, leurs inimitiés, leurs bassesses. Certains se considèrent comme des réfugiés ayant trouvé un asile attendant un retour dans la "vraie" France. D'autres se sentent captifs, en résidence surveillée et élaborent une fuite éventuelle vers la Suisse ou le Danemark. Tous, du haut du majestueux éperon rocheux dominent "la France d'en bas", les miliciens et les collabos fuyant l'avancée des Alliés. Arrivés en grappe de plusieurs centaines, ils ont envahi la ville en lui donnant un air de Cour des Miracles. Le Docteur Destouches, fidèle à sa réputation de fervent antisémite, acariâtre, se serait positionné comme le médecin des pauvres et des démunis ... peut-être ... Le célèbre et sulfureux romancier Louis Ferdinand Céline était effectivement médecin avant d'écrire mais il est surtout connu pour ses positions tranchées et son opportunisme qui ont fait scandale dans une France qui pansait les blessures infligées par le régime Nazi dont il était un proche collaborateur.

Il est vrai qu'il n'y a rien de glorieux pour les dirigeants de la France sympathisants du nazisme entre la libération de Paris (19-25 août 1944) et l'officialisation de l'arrêt des combats (7-8 mai 1945). Il est difficile d'aborder des sujets douloureux en gardant la tête froide sans se laisser submerger par le dégoût et le besoin de vengeance. De ce point de vue, je trouve que Pierre Assouline a réussi son coup de façon magistrale en donnant le rôle de narrateur au majordome en chef de la "maisonnée", un Allemand francophile, fin observateur et orchestrateur de ce microcosme tristement burlesque, la comédie du pouvoir façon tragédie grecque!

Ce roman basé sur une solide documentation et relatant des faits réels, n'est pourtant qu'un roman et si mon avidité d'approfondissement de connaissances a été comblée, j'ai beaucoup moins été séduite par l'intrigue pseudo amoureuse de Julius Stein, le majordome narrateur, et Jeanne Wolfermann, l'intendante du Maréchal Pétain. Ce couple étrange n'est pas sans rappeler celui formé par James Stevens (Anthony Hopkins) et Miss Kenton (Emma Thompson) dans les Vestiges du jour, film de James Ivory de 1993 mais avec beaucoup moins de présence. Ce qui n'est pas vraiment étonnant puisque bien qu'il y ait des similitudes, le sujet est totalement différent. En fait, le personnage féminin prend tout son sens à la fin, lors de la débandade des lâches et des fantoches dont je ne révèlerai évidemment ..... RIEN!

Ce fût un réel plaisir d'observer l'absurdité de l'organisation d'un pouvoir en décomposition, détenu par les fantômes "jusqu'auboutistes" de Vichy croyant que la suprématie du Reich, pourtant en déroute, viendrait les sauver.

C'est avec beaucoup d'humilité que le solennel et protocolaire Julius Stein confie page 289: "Mon pays était devenu un cauchemar, une horreur, un scandale moral mais c'était le mien. Imperturbablement francophile, je n'en demeurais pas moins viscéralement allemand. On ne transige pas avec son histoire, on ne négocie pas avec son âme: on s'accommode en attendant."

Pour ceux qui comme moi, voudraient en savoir plus sur l'histoire du château de Sigmaringen, je vous conseille de consulter cet article ici, et de visionner le docu-fiction de Serge Moati diffusée plusieurs fois sur ARTE: "SIGMARINGEN, le dernier refuge" (2017).

Je conclurai cette chronique par la sage philosophie du digne Julius Stein face à l'adversité: "S'inquiéter seul, c'est précipiter l'angoisse; mais s'inquiéter à deux, c'est déjà se consoler."

 

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Commentaires
A
comme toujours tu sais aiguiser ma curiosité.<br /> <br /> merci pour ce retour.
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