"L'homme de la plaine du Nord" de Sonja Delzongle

 Éditions Folio policier - 2021

 445 pages

 Édition originale Denoël - 2020

 L'auteur:

Autrice de romans policiers, Sonja Delzongle, née à Troyes en 1967, a plusieurs cordes à son arc. Ses racines franco-slaves lui offrent une culture riche et variée. Parallèlement à une vie dans le commerce de l'artisanat africain/asiatique puis une vie dans le monde de la nuit, elle s'adonne à l'écriture. Un DEUG en Langues et Lettres modernes en poche, elle sort également diplômée de l'École des Beaux-Arts de Dijon. Elle peint et expose pendant une quinzaine d'années avant de devenir journaliste de presse à Lyon où elle habite depuis 2001.

Elle exprime sa passion pour l'écriture au travers des romans de Fantasy pour la jeunesse sous le pseudo Dana Skoll puis elle s'attaque à son style préféré, le roman noir. Son premier succès, couronné par le Prix Anguille sous roche, arrive avec "Dust" en 2011 pour lequel elle puise dans ses nombreux souvenirs lors de séjours sur le continent africain. Son quatrième roman "Boréal", prix Polar Saint-Maur en poche 2019 et Prix des lecteurs de Villeneuve-Lez-Avignon, confirme son talent.

Depuis, sa bibliographie ne cesse de s'étoffer, entraînant son lectorat dans des contrées plus ou moins lointaines: les Balkans, l'Arctique, le Kenya, Chicago, ... etc, toujours avec le même envoûtement.

 4° de couverture:

De retour à New-York, la célèbre profileuse Hanah Baxter espérait reprendre le cours d'une vie normale. Mais on n'échappe pas à son destin. Accusée du meurtre de son mentor, disparu en Belgique vingt ans auparavant, et rapatriée à Bruxelles, Hanah collabore avec les enquêteurs. La découverte d'un homme dévoré par des pitbulls dans la forêt de Soignes les lance sur la piste d'un manoir étrangement familier ... Tandis qu'Hanah se débat en plein mystère, quelqu'un la guette. Un tueur redoutable, à qui il reste une dernière balle passée à l'or fin, la balle qui aurait dû atteindre Hanah vingt ans plus tôt ...

 Mon avis:

C'est un "live" sur Facebook qui m'a révélé la richesse incroyable de la personnalité de Sonja Delzongle ainsi que ses romans. Le hasard a voulu que deux jours plus tard, je repère un de ses livres sur une étagère de l'espace littérature d'un magasin. Je n'ai pu résister à l'envie de l'emporter avec moi.

Pour avoir été attentive lors de son émission, j'ai appris que chacun de ses romans emmène le lecteur en voyage dans une contrée différente. Celui-ci reste proche de nous puisqu'il se déroule entre la Belgique et les terrils du nord de la France. Par contre, je ne me doutais pas qu'en ouvrant ce roman je m'octroyais un voyage en enfer!

Rapidement, j'ai compris que la profileuse Hanah Baxter, résidant à New-York, était un personnage récurrent dans plusieurs livres. Donc, pour ceux qui préfèrent suivre son évolution et les méandres de sa vie au fil des tomes, "L'homme de la plaine du Nord" est le dernier d'une tétralogie: 1- Dust (Kenya), 2- Quand la neige danse (Chicago), 3- Récidive (Saint-Malo). Malgré tout, il se lit sans avoir besoin des références des précédents.

Je suis très amatrice de thrillers même violents à condition que la brutalité exposée ait un sens. Avec cette enquête peu banale, aux personnages atypiques, je dois avouer que j'ai été servie, même resservie généreusement!

Dès le début, on sent que l'anticonformisme est au rendez-vous avec l'inénarrable et fabuleux Ernest/Frida, tueur à gage reprenant sa mission après une pause de 20 ans! Ce thriller décapant ne fait pas dans la simplicité. Un seul tueur sanguinaire serait trop simple. Un seul crime serait trop facile. Une seule façon de tuer serait trop quelconque. Un seul type de victime serait trop limpide. C'est ainsi qu'après un démarrage plutôt doux tout en mettant le lecteur insidieusement en alerte, Sonja Delzongle s'amuse à le mener par le bout du nez, tout en lui tordant les tripes, sans qu'il puisse échapper à son emprise tant il y a de pistes et d'actions/réactions imprévisibles.

La seule réalité de cette enquête diabolique est que lorsqu'on croit être arrivé au bout du bout, on s'enfonce encore plus loin dans la cruauté et l'ignominie sans savoir s'il y aura une fin aux déviances mises à jour. Pour oser une comparaison hardie, je pense à un met délicat dans lequel l'autrice aurait caché une poignée de piment. À la délectation de la saveur suave de départ s'impose insidieusement une irritation gênante, lancinante, se transformant peu à peu en une fournaise impossible à apaiser. Voilà le talent de la plume de Sonja qui nous asservit totalement à son pouvoir, telle l'addiction à l'intrigue menée tambour battant dans une opacité glauque dévoilant les déviances les plus sombres de l'Être Humain.

Cette lecture n'est pas pour les âmes sensibles, loin de là car elle apporte son lot de souffrances et d'horreurs inimaginables entraînant inévitablement vers la nausée. On peut reprocher à l'autrice une accumulation de violences mais, à sa décharge, aucune de ses atrocités n'est gratuite.

L'ambivalence et la psychologie de tous les personnages sont finement étudiées, mettant en avant leur part d'ombre. Pas seulement les pervers à la noirceur d'âme exacerbée. C'est sans conteste ce qui m'a séduite dans cette aventure sordide, l'art de harponner le lecteur avec fermeté pour l'emporter aux confins de l'horreur le laissant épuisé et sidéré. Ce roman est "une sacrée claque" comme l'a qualifié François Busnel dans le magazine La Grande Librairie sur France 5.

Forte de cette découverte, il se pourrait bien, un jour prochain, que je quitte la Belgique et les terrils pour m'embarquer vers le Kenya ou l'Arctique ... en prenant bien soin de serrer au maximum ma ceinture de sécurité. On n'est jamais trop prudent!

Comments

[annette76710]

oh mais ça me donne envie de le découvrir celui-ci. merci pour ton retour.