"La claire obscure" de Florence Tassoni

 Auto- éditions - 2021 - 271 pages

 L'auteur :

Florence Tassoni a passé sa jeunesse en Nouvelle-Calédonie, sa terre de cœur. Diplômée en Droit des Affaires Internationales, elle obtient ensuite un Master of Business Administration en Australie. Après quelques années passées en France, elle s’expatrie pour suivre la carrière de son mari. De l’Indonésie aux États-Unis, en passant par le Vietnam et l’Inde, sa famille se sédentarise à Bali en 2014 où elle réside depuis.

 4° de couverture :

Elle a déjà tout perdu.
À sa sortie de prison, Anna est plus déterminée que jamais : que risque-t-elle de pire ? Cette fois-ci, elle atteindra son objectif.
Jusqu'à la mort s'il le faut.
Pourtant dans sa famille, on ne tuait pas. Du moins pas physiquement. C'était bien plus efficace.
Dans l'ombre, quelqu'un l'épie et la suit.
Ignorant son existence, Anna s'engage dans sa lutte, haine au cœur et colère au poing.
Anna repousse, Anna rue, Anna rugit.
Elle n'aime pas, n'aime plus. Elle a peur.
Elle est pourtant encore loin d’imaginer que les pièces du puzzle de sa mémoire fracassée vont surgir et mettre à jour une réalité terrifiante.
Ne restera que cette question qui la hante depuis toujours :sommes-nous irrémédiablement condamnés à transmettre le malheur ?

 Mon avis :

 J'ai pour habitude de "laisser poser la sauce" pour rédiger un avis objectif et réfléchi sur un livre, surtout s'il m'a remué les tripes. Après avoir reçu un coup de bambou, ne doit-on pas attendre de reprendre conscience avant d'articuler quelques mots. Malgré tout, il m'arrive parfois de réagir à chaud, car mon cerveau est incapable de se mettre en pause. "La claire obscure" fait partie de ces ovnis littéraires qui m'ont secoué au point d'avoir besoin de prendre clavier et écran.

 Anna, douce Anna, tendre Anna, qu'ont-ils fait de toi, les hommes de ta vie ? Que sont devenus le soutien et l'abri qu'ils devaient t'offrir ? La main protectrice s'est transformée en griffe intrusive et déchirante. La main caressante s'est crispée en un poing rageur. Brisée, fragile, ils t'ont rendue forte et déterminée. Privée d'amour, ton cœur en déborde pour tous ceux que tu aimes, ton fils Mathieu, ton bébé-sœur Claire et ton amie Christie. Abandonnée, laissée pour compte, tu n'as jamais perdu espoir et tu t'es battue comme une lionne.

 Qu'il est difficile de parler de cette histoire sans en dévoiler des pans entiers très préjudiciable aux futurs lecteurs alors je vais rester dans l'aura de cette intrigue insoutenable et immonde d'une noirceur éblouissante.

 Tout d'abord, il est utile de rappeler la définition commune du thriller : c'est un roman ou un film à suspense, fantastique ou policier, conçu pour provoquer des émotions fortes chez le lecteur ou le spectateur. Alors oui, "La claire obscure" est bien dans le thème. C'est un drame familial effroyable dans lequel le lecteur réagit telle une boule de billard, Florence Tassoni maniant la queue avec une précision d'orfèvre pour l'emmener où elle veut. Le style est précis et agréable avec un humour sous-jacent incroyable grâce auquel l'avancée dans l'intrigue s'effectue avec jubilation, ce qui est très déstabilisant, mais incroyablement addictif. Les personnages d'une noirceur absolue en côtoient d'autres d'une luminosité éclatante. L'oxymore n'est pas seulement dans le titre du livre, il est aussi tapi entre les pages.

 Quelques touches subliminales du premier livre de l'autrice, "D'une âme à une autre", ne m'ont pas échappé. Elles arrivent naturellement dans le récit, sans lourdeur, comme un frôlement d'aile d'ange. Un troisième genre de littérature abordé pour son troisième roman. Un régal de surprise. Malgré la noirceur de la situation, la plume de Florence Tassoni transpire l'amour. Pas celui qui englue et qui étouffe, mais celui qui libère et qui transcende. Étonnant pour une histoire aussi abominable que celle d'Anna. Oxymore encore et toujours !

 On peut s'étonner de certaines circonstances complexes, très bien décrites, incomprises par l'héroïne alors que le lecteur les suspecte depuis un certain temps à l'aide des informations qui lui sont délivrées. C'est oublier trop facilement le déni dans lequel évolue Anna ne serait-ce que pour survivre psychologiquement et physiquement, et sans lequel elle s'effondrerait telle une poupée de chiffon.

 L'uppercut de la chute que je n'attendais pas, m'a totalement enchantée, si loin de toute convention libératrice. Quand je vous dis que ce livre est un oxymore du début à la fin ! Impossible d'en dire plus, à vous de le découvrir... 

 Je suis stupéfiée par le doigté de l'autrice à m'avoir baladée jusqu'au bout entre amour et haine, douleur et empathie, avec une force tendre et ferme qui tord les entrailles. Merci Florence pour ce coup de cœur. Avec ce troisième roman, pour reprendre vos mots, "l'usurpatrice de sentiments" que vous êtes, caracole dans la cour des grands !