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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
15 mai 2022

"Dans les brumes de Capelans" d'Olivier Norek

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 Éditions Michel Lafon - 2022 - 428 pages

 ISBN 9782749942285

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  L'auteur :

Olivier Norek

Né à Toulouse en 1975, ce capitaine de la Police Judiciaire de la Seine-Saint-Denis n'est plus à présenter tant sa présence sur les étals de thrillers est incontournable. Fils d'un haut-fonctionnaire, le nouveau gardien de la paix Norek rejoint le service financier de la PJ puis le groupe de nuit chargé des homicides, agressions et braquages. Son grade de lieutenant décroché, il entre à la section enquêtes et recherches de Bobigny au SRPJ 93. 

Passionné d'écriture et après quelques nouvelles, il présente son premier roman en 2013, Code 93 qui plonge le lecteur dans le quotidien des flics de la Seine-Saint-Denis qu'il connaît bien. Le capitaine Coste découvert lors de cette enquête devient récurrent en continuant son parcours dans les deux volumes suivants, Territoires (2014) et Surtensions (2016). D'autres romans policiers viennent rejoindre ces premiers avec succès tant auprès de la critique que du public en raflant quelques prix au passage.

Parallèlement, il participe aux scénarios de différentes séries télévisées. Dans les brumes de Capelans, après six ans d'absence, l'auteur renoue des liens avec le capitaine Coste pour le plus grand plaisir de son lectorat. 

 

 4e de couverture :

Une île de l'Atlantique battue par les vents, le brouillard et la neige.

Un flic qui a disparu depuis six ans et dont les nouvelles missions sont classées secret défense.

Sa résidence surveillée, forteresse imprenable protégée par des vitres pare-balles.

Une jeune femme qu'il y garde enfermée. Et le monstre qui les traque.

Dans les brumes de Capelans, la nouvelle aventure de capitaine Coste se fera à l'aveugle.

 

 Mon avis :

 Olivier Norek fait partie du club très fermé de mes écrivains de polars préférés. Très fermé, parce que je diversifie beaucoup mes lectures. Trop de thrillers me donnent la sensation d'étouffer. J'ai besoin de m'évader vers d'autres sources innovantes et enrichissantes tant au niveau de l'histoire que du style. Un savant dosage me permet de naviguer entre différents genres sans me lasser, à condition d'éviter des thèmes me paraissant désagréablement insipides et auxquels je reste totalement hermétique.

 Je me suis précipitée dans ce roman, impatiente des retrouvailles annoncées avec le capitaine Coste, disparu des radars depuis six ans. Loin de l'agitation et du stress auréolant les intrigues policières habituelles, j'ai subi la lenteur de la mise en place de cette intrigue accompagnée de la froideur désabusée du célèbre flic devenu quasi mutique, isolé dans une nature inhospitalière à l'image de son aura dont la luminosité s'est perdue dans le brouillard environnant. Fini l'action, bonjour les mornes journées avec les repentis. Le nouveau poste de Coste, un peseur d'âmes chargé de déterminer si ses pensionnaires sont sincères, un bouclier contre tout investissement affectif.

 Petit à petit, cette morosité a été grignotée par le talent de Norek. Le public reproche souvent aux écrivains de ne pas savoir se renouveler. Avec "Dans les brumes de Capelans", l'auteur apporte la preuve du contraire. Exit les policiers pourfendeurs d'horribles assassins à l'esprit tordu, cette nouvelle intrigue est beaucoup plus qu'une enquête. Elle laisse toute la place à la psychologie, l'emprise, la manipulation et la réflexion. Soupçons et fausses pistes se succèdent pour mieux embrouiller le lecteur. La réunion de deux vies cabossées dans un lieu reculé illustre à merveille la réclusion tant géographique qu'affective des deux principaux personnages, bien que le Mal rôde insidieusement.

 Les brumes se rapprochent, le tueur en série aussi et la chute sera grandiose. Mais avant, il faut survivre dans ce quasi-huis-clos angoissant, étouffant et sournois, mêlant bienveillance et ambivalence, délicatesse et doute. Du grand Norek, nouveau cru !

 

Extraits et citations

* "Une affaire de crime se règle généralement dans la première semaine. Parce que c'est rarement bien malin, un criminel. Mais après ce délai, dans les affaires que l'on appelle "au long cours", soyons honnêtes, les flics, même s'ils la provoquent par leur travail assidu, espèrent plus du côté de la chance que de celui du flair. La première semaine, ce sont des bulldozers, à foncer vers les évidences, puis, lorsque les évidences n'accouchent de rien, les jours d'après, ils deviennent de petites fourmis laborieuses. Et à force d'alerter, de découper, d'informer, de vérifier, de comparer, de lister, de cafés et de nuits blanches, il y a bien un moment où l'une des milliers de clés récoltées ouvre une porte."

* "Il y a des flics qui chassent les monstres. Il y a des flics qui protègent leurs victimes. La différence est ténue, mais entre les deux philosophies, c'est tout un monde."

* "On les voudrait hideux les monstres.

Dans les villes, dans la foule, leurs démons sont invisibles. Ils nous frôlent sans que l'on frémisse. Leurs sourires ressemblent aux nôtres, on les côtoie, on les voisine, on les invite. Ils nous charment ou nous indiffèrent, car ils sont bien normaux, les monstres. Leur peau, leur voix, leurs gestes, tout en surface est identique à l'ordinaire. Mais quelque part, une ombre s'est posée. Elle s'est nourrie silencieusement d'une blessure, d'une humiliation, d'une violence, d'une anomalie, d'une malfaçon. Elle s'est posée sur une fine craquelure qu'à coups de bec et de griffes elle a transformée en faille. Un gouffre, un piège pour la raison, et engendre la colère. La colère si jouissive à libérer, pour que sur d'autres se pose une partie de l'ombre. Pensant ainsi s'alléger, le monstre s'enferme et nourrit son serpent, toujours plus affamé."

* "Il faut bien que tu te le dises. S'il y a des femmes battues, c'est que l'homme l'a décidé. Si elles restent à la cuisine, c'est que l'homme l'a décidé. Si elles ne gagnent pas le même salaire, c'est que l'homme l'a décidé. Si elles doivent cacher leurs cheveux ou leur visage, c'est que l'homme l'a décidé. Si elles sont agressées sexuellement, c'est parce qu'un homme l'a décidé. Uniquement parce que l'homme a quinze kilos de muscles en plus. Il n'y a pas d'autres raisons. Si le lundi, ils décidaient de nous mettre en esclavage, le mardi l'affaire serait pliée. Ils ont la supériorité physique et je ne connais pas une seule espèce animale qui n'ait pas soumis ses inférieurs. On est en sursis et personne ne viendra nous défendre."

* "L'amour n'a pas de forme, il s'adapte et se coule dans n'importe quel moule, même brisé, ébréché. Rien n'empêche l'amour d'être sordide ou malsain."

* "Les sentiments sont des parasites qui détournent de la vérité. Quand les émotions bouillonnent, la raison s'efface et la réalité devient celle qu'on choisit de façonner.

Sentiments et émotions sont le ciment des erreurs judiciaires. Mais les plus pernicieuses restent la haine et la colère. Comme une poussière dans l'œil. Comme un soleil regardé de face trop longtemps, elles aveuglent."

* "Quand une personne meurt, tout l'amour que l'on avait pour elle ne sait plus où aller. Il n'y que le deuil pour l'absorber [...]

  

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