"L'apothicaire" d'Henri Lœvenbruck

 Éditions J'ai lu - 2013 - 798 pages

 Édition originale : Flammarion - 2011

 ISBN 9782290055786

 L'auteur :

Henri Lœvenbruck est un écrivain, scénariste, parolier, chanteur et compositeur français, né à Paris en 1972. Il a longtemps hésité entre la musique et la littérature. Aussi, après le Bac, il mène de front ses deux passions pendant un temps. Après un passage par l'Angleterre où il enseignait le français, il revient en France exercer des "petits boulots", s'essayant au journalisme et paraissant dans divers groupes de rock. 

Au milieu des années 90, il cofonde Science-Fiction Magazine dont il reste rédacteur en chef jusqu'en 2000. Il publie son premier roman en 1998 sous pseudonyme, puis se consacre uniquement à l'écriture. Le succès de ses deux trilogies de Fantasy, "La Moïra" et "Gallica" assoit sa renommée et le font entrer dans le monde des auteurs reconnus. Il touche d'autres domaines puisqu'il enchaîne thrillers et romans d'aventures, toujours salués par la critique. Il est traduit dans plus de quinze langues.

 4e de couverture :

Janvier 1313. Andréas Saint-Loup, dit l'Apothicaire, découvre dans sa boutique une pièce qu'il avait oubliée... Il comprend que vivait là une personne mystérieuse, effacée de toutes les mémoires. L'Apothicaire, bientôt poursuivi par d'obscurs ennemis, accusé d'hérésie par le roi Philippe le Bel et l'Inquisiteur de France, décide de mener l'enquête. Le voilà sur les routes. De Paris à Compostelle jusqu'au mont Sinaï, l'aventure sera longue et périlleuse.

 Mon avis :

 Il faut aimer les romans historiques pour se lancer dans cette épopée moyenâgeuse, mais si comme moi, on est conquis par le sujet, quelle magnifique fresque flamboyante que cette histoire mystérieuse au temps des Templiers ! Les 798 pages se lisent sans aucune longueur, incitant le lecteur à aller toujours plus avant dans une quête pleine de rebondissements. Mes amis comprendront pourquoi ce titre m'a particulièrement attiré !

 Les personnages principaux sont dynamiques, charismatiques et hautement sympathiques, ne lâchant jamais l'attention de l'apprenti aventurier dévoreur de pages qui se retrouve essoufflé, galopant à brides abattues dans le désert, déjouant les manigances de tristes sires comme Guillaume de Nogaret et le Grand Inquisiteur, sinistres émissaires de Philippe IV, appelé le "roi de fer" ou Philippe Le Bel, si bien croqués par Maurice Druon dans sa célèbre saga "Les rois Maudits".

 Ce récit revêt différentes formes au cours de l'aventure. Philosophique, sans jamais être ennuyeux, parfois didactique, mais pas pompeux, saupoudré d'une pointe d'ésotérisme ajoutant du mystère à l'odyssée, dans un langage ancien pour aider à l'immersion de l'époque en restant compréhensible et très agréable à lire.

 Je me suis attachée à Andréas Saint-Loup, à son esprit vif, plein de malice, prompt à la dérision, mais aussi plein de sagesse, ainsi qu'à ses jeunes acolytes d'aventure, Robin et Aalis. Ils m'ont fait rêver, frémir, amusée par leur humour tout au long d'un récit aussi distrayant qu'enrichissant. D'une façon générale, j'ai aimé la manière dont l'auteur a brossé le portrait des femmes rencontrées. Ce ne sont pas des potiches incultes et faibles érigées en faire-valoir. Au contraire, elles sont déterminées, courageuses et possèdent un sens de l'humour décalé grâce à leur verve savoureuse, qui en dit long sur leur personnalité.

 Je pourrais écrire des pages et des pages sur cette épopée qui m'a subjuguée et enchantée, fruit d'un travail de documentation gigantesque afin de révéler une multitude de détails sur les conditions de vie de cette époque où l'obscurantisme règne. Cependant, ce serait bien présomptueux de ma part d'essayer d'exprimer les sensations que m'ont procurées autant l'histoire que l'ambiance évoquée par le magicien Lœvenbruck. Surtout, mes mots seraient d'une pauvreté affligeante face à l'envolée lyrique du récit, laissant le lecteur subjugué, une fois le livre refermé. 

Quelques extraits et citations :

Il y en a tant qui ont retenu mon attention qu'il a été difficile de faire un choix pour écourter cette rubrique !

* "[...] tout livre qui disparaît, c’est un peu d’humanité qui s’en va."

* "[...] on ne mesure pas la beauté d’une histoire d’amour à sa longévité. Les plus grandes amours ne sont pas toujours les plus longues."

* "Le livre est un support universel qui unit les hommes dans l'espace et dans le temps, c'est un navire entre les âmes, une lumière dans l'obscurité !"

* "La mélancolie... Cet état délicat où l'on se complaît à être triste, dont on dit parfois qu'il est à l'origine de la philosophie parce qu'il nous confronte à la solitude profonde de l'être et donc au questionnement du sens que l'on donne à cette solitude, à la vie même."

* "[…] quand tous les horizons sont bouchés, la solution, souvent, consiste à s’enfoncer dans les ténèbres."

* "[...] l'intolérance n'a pas d'âge et ne finira jamais. Chaque siècle a connu et connaîtra ses inquisiteurs et ses hérétiques."

* "Tout ce qui n'est pas donné, est perdu."

* "Celui à qui l'on tend une carotte ne peut s'empêcher de se sentir un âne."