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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
19 mai 2022

"Les refuges" de Jérôme Loubry

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 Éditions Le livre de Poche - 2020 - 427 pages

 Édition originale Calmann-Lévy - 2019

 ISBN 9782253181590

 

 

 

 

 

 

 

 L'auteur :

Jérôme Loubry

 

Né en 1976, Jérôme Loubry est un écrivain français reconnu pour ses thrillers. Son premier roman "Les chiens de détroit" paru en 2017 a été récompensé par le Prix Plume Libre d'Argent en 2018. Ses livres sont toujours accueillis avec succès. "Les refuges" est son troisième roman, qui a obtenu le Prix Cognac du meilleur livre francophone en 2019.

 

 

 

 4e de couverture :

Installée en Normandie depuis peu, Sandrine est priée d'aller vider la maison de sa grand-mère, une originale qui vivait seule sur une île minuscule, pas très loin de la côte. Lorsqu'elle débarque sur cette terre grise et froide, Sandrine découvre une poignée d'habitants âgés organisés en quasi-autarcie. Tous décrivent la défunte comme une personne charmante, loin de l'image que sa petite-fille en a. Cependant, l'atmosphère est étrange. En quelques heures, la jeune femme se rend compte que les habitants cachent un secret. Quelque chose ou quelqu'un les terrifie. Pourtant, aucun d'entre eux ne quitte jamais l'île. Pourquoi ? Et qu'est-il arrivé aux enfants du camp de vacances précipitamment fermé en 1949 ?...

 

 Mon avis :

 Si certaines histoires ne font que m'effleurer, heureusement rarement, je ne suis pas prête à oublier celle-ci. Le mécanisme machiavélique qu'emploie Jérôme Loubry porte ses fruits pourris jusque dans l'inconscient. Mine de rien, un récit d'une tristesse infinie se transforme peu à peu en une horrible manipulation psychologique. Je ne parle pas des "acteurs" de ce drame si bien agencé, mais des lecteurs absorbés par cette intrigue mêlant plusieurs époques et personnages.

 Ce polar est un plaisir... angoissant. Suivre l'évolution de l'enquête dans laquelle le lecteur perd souvent pied sans lâcher le fil avec les situations qui s'entrechoquent et finissent par s'emboîter à la façon des matriochkas est un réel défi. Quand un bout de voile se déchire sur ce caillou normand, île minuscule et mystérieuse où se déroule la majeure partie du récit, c'est pour découvrir des brumes encore plus épaisses qui ne cessent de s'accumuler.

 La construction de ce polar sort de la routine. Un psychiatre raconte un cas à ses étudiants. Rapidement, on l'oublie peu à peu au profit des protagonistes. Ces derniers prennent de plus en plus de consistance jusqu'à occuper tout l'espace. À de nombreuses reprises, le surnaturel tente de prendre le contrôle sans y parvenir tout à fait, mais en laissant une empreinte suspecte indéfinissable. Le récit de Sandrine, si rationnel et factuel, flanche parfois et bute sur des obstacles confus, comme dilués dans le temps et l'espace.

 Je ne suis pas fan de fantastique et je suis restée rétive à certaines évocations tendant vers le paranormal. Pourtant, je n'ai pu résister à la spontanéité de Sandrine et au souvenir de son aïeule, Suzanne, ayant vécue isolée sur ce bout de terre avec une poignée de voisins et amis.

 La violence faite aux enfants est toujours aussi insupportable. Dans ce roman, comme dans d'autres, le mystère est entier et le lecteur avance à pas de loup. L'auteur est un malin. Il distille les révélations au compte-goutte. Celles-ci, au lieu d'éclairer les zones d'ombre, ne font que les enfoncer dans l'obscurité envahissante. Le schéma construit patiemment dans l'esprit du lecteur s'effondre pour repartir sur de nouvelles bases. Seront-elles les bonnes ou faudra-t-il, un peu plus loin, recommencer de presque zéro ?

 "Les refuges" est un thriller psychologique, à l'élaboration inédite, voire un thriller psychiatrique. Ce roman addictif m'a envoûtée par son originalité, pas évidente au début, qui peut dérouter un lectorat attaché aux intrigues plus traditionnelles.

 Et si, au milieu de toutes les suppositions plus confuses les unes que les autres, le véritable nom du "Roi des Aulnes" était révélé dès la couverture du livre ? 

 

 Extraits et citations :

* "Certaines civilisations affirmaient que lorsqu'un ancêtre mourrait, ses descendants perdaient une partie d'eux-mêmes. Pas seulement d'un point de vue généalogique ou mémoriel, mais également physique. Que les atomes provenant de nos parents et présents dans notre constitution cessaient de vivre à leur tour et que cela entraînait une tristesse organique. Elles prétendaient que c'était la raison de la fatigue ressentie lors d'un deuil."

* "Les ruptures se nourrissent du temps et du silence. Elles dévorent nos remords et les digèrent jusqu'à les rendre inaudibles."

* "Les gens se réfugient derrière le mot folie quand ils ne peuvent ou ne veulent envisager une étrange réalité."

* "[...] les peurs ne disparaissent pas en grandissant. Elles deviennent plus subtiles. Elles se font oublier. Elles ferment juste les yeux."

* "[...] je suis persuadée que le temps use tout. L'amour, la vie, les sourires comme la colère."

* "La voici, la sorcellerie des enfants... Invoquer pour oublier, se jouer du temps et de son instabilité pour survivre à l'inaptitude d'un univers qui ne songe qu'à les dévorer..."

 

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