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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
24 mai 2022

"Numéro deux" de Davis Foenkinos

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 Éditions Gallimard - 2021 - 235 pages

 ISBN 9782072959028

 

 

 

 

 

 

 

 L'auteur :

Davis Foenkinos

 David Foenkinos est né à Paris en 1974. À 16 ans, une opération pulmonaire le cloue à l'hôpital plusieurs mois. Durant sa période de convalescence, il acquiert le goût de la lecture, de la peinture, de la musique et de l'écriture qui lui avait échappé pendant son enfance. Le goût de la vie en somme.

Après avoir étudié les Lettres à la Sorbonne et le jazz dans une école de musique, il devient professeur de guitare, en endossant la livrée de serveur le soir pour gagner sa vie. Ses rêves de groupe de musique s'envolant, il se tourne vers l'écriture. Pourtant, les premiers manuscrits sont tous refusés par manque de style. Enfin, en 2002, Gallimard est le seul éditeur à publier son premier roman "Inversion de l'idiotie : de l'influence de deux Polonais" avec lequel il obtiendra le Prix François Mauriac.

Depuis, ses romans ne passent jamais inaperçus et raflent des prix au passage, "La délicatesse", "Charlotte", "Le mystère Henri Pick". Certains ont été adaptés au cinéma et l'auteur écrit également des scénarios pour le grand écran.

 

 4e de couverture :

"En 1999 débutait le casting pour trouver le jeune garçon qui allait interpréter Harry Potter et qui, par la même occasion, deviendrait mondialement célèbre. Des centaines d'acteurs furent auditionnés. Finalement, il n'en resta plus que deux. Ce roman raconte l'histoire de celui qui n'a pas été choisi."

 

 Mon avis :

 Aimée ou détestée, qui ne connaît pas la saga Harry Potter avec ses sept volumes et les huit films qui en ont été tirés ? Il aurait fallu habiter sur une autre planète pour ne pas en avoir entendu parler et être passé à côté du battage médiatique que chacune des sorties, tant livresque que cinématographique, a suscité.

 Ayant suivi les aventures du petit sorcier, d'une part pour connaître le contenu des lectures de mes enfants, et d'autre part pour essayer de comprendre par quel prodige J.K.Rowling avait enfin réussi à happer leur curiosité entre des pages dactylographiées, je trouvais amusant de passer sur l'envers imaginaire du décor avec un angle d'attaque original : le mal-être de celui qui n'a pas été choisi. 

 Si le livre retrace le cheminement douloureux de l'autrice, de son mode de vie précaire avec ses échecs et les refus successifs des maisons d'édition jusqu'à sa consécration mondiale, le principal sujet du livre est la mise en difficulté d'un jeune garçon qui ne demandait rien d'autre que de s'épanouir dans son milieu familial entouré de ses amis. Son physique, son attitude et sa façon de se mouvoir, correspondent à celle du personnage de fiction créé par J.K.Rowling. Ils lui offrent une expérience inattendue et enviée par beaucoup d'enfants de son âge, devenir l'incarnation de Harry Potter, tant admiré, sur grand écran. 

 J'ai découvert et aimé le style de David Foenkinos que je ne connaissais pas. Contrairement à certains, j'ai trouvé cette histoire beaucoup plus profonde qu'il n'y paraît au premier regard. Le drame de cet adolescent, mis en situation d'échec, n'est pas si rare, même si les circonstances sont propres à chacun. Pour Martin, la déception de ne pas être choisi aurait pu être pesante et amère puis s'estomper peu à peu jusqu'à n'être plus qu'un regret au parfum d'adolescence passée, comme le souvenir nostalgique d'un premier amour contrarié, jamais oublié.

 Martin Hill a treize ans, et il est certain d'avoir raté sa vie. Quelle tristesse ! Pour lui, la blessure est tellement profonde, qu'il n'arrive pas à la panser. Ce qu'il considère comme le plus grand échec de sa vie le plonge dans un état dépressif qui s'aggrave à chaque sortie de film de la saga le rendant phobique de tout ce qui la lui rappelle, une affiche sur mur ou un bus, un livre sur une étagère, une émission télévisée... Fréquentes sont les occasions de le précipiter dans le naufrage de son existence. Il n'arrive à confier son mal-être à personne, pas plus à son entourage qu'à des professionnels qui ne mesurent pas l'intensité de son effondrement psychique.

 La souffrance de Martin est d'une violente inouïe, car elle est silencieuse, solitaire, particulièrement dévastatrice, d'autant que sa fragilité a permis l'apparition d'une maltraitance sournoise dont je ne dirai rien pour laisser les futurs lecteurs intéressés découvrir la détresse de cet enfant. Personnellement, j'ai beaucoup apprécié ce moment de lecture, fourmillant d'anecdotes sur le phénomène planétaire Harry Potter, non dénué de pointes d'humour pour dénoncer un sujet grave, le mal-être des adolescents d'aujourd'hui quelque en soit l'origine. 

 La chute de l'ouvrage, habilement amenée et intelligemment argumentée, rajuste les données dans le monde réel en soulignant le danger guettant les enfants-stars qui, malgré toutes les précautions juridiques, sont propulsés dans un virtuel à paillettes, sous les yeux du monde entier, envieux ou admiratifs, coupés des jalons naturels qui leur permettent de construire les bases d'une vie équilibrée. Certains d'entre eux tombent dans l'oubli, car leur carrière si prometteuse n'a pas réussi à décoller, ou est très inégale, le merveilleux enfant est devenu un adulte inintéressant pour les producteurs ; Henry Thomas (E.T. -1982 - S.Spielberg), Haley Joel Osment (Sixième sens - 2000 - M.N.Shyamalan). D'autres cherchent des dérivatifs dans des paradis artificiels avant de réussir à s'affranchir, ou non, de leurs addictions pour poursuivre leur carrière sur grand écran avec plus ou moins de succès ; Daniel Radcliff (Harry Potter - 2001 à 2018 - C.Colombus, A.Cuaròn, M.Newell, D.Yates), Drew Barrymore (E.T.), Macaulay Culkin (Maman j'ai raté l'avion - 1990 - C.Columbus). Très peu, mais heureusement ils existent, échappent au rouleau-compresseur de la médiatisation et se forgent une place reconnue dans le monde cinématographique et/ou théâtral ; Emma Watson (Harry Potter), Freddy Highmore (Charlie et la chocolaterie - 2005 - T.Burton)), Jodie Foster (Taxi Driver - 1976 - M.Scorsese). Enfin, quelques-uns changent de voie pour emprunter celle de leur rêve premier ; Mara Wilson (Madame Doubtfire - 1994 - C.Colombus) est écrivaine, Ariana Richards (Jurassic Park - 1993 - S.Spielberg) est artiste peintre.

 Une chronique littéraire présentant ce bouquin avait éveillé ma curiosité, elle m'a permis une réflexion sur un sujet grave et préoccupant mêlant réalité et fiction habilement entremêlées.

 

 Extraits et citations :

* "On associe toujours le hasard à une force positive qui nous propulse vers des moments merveilleux. De manière étonnante, sa version négative est très rarement évoquée, comme si le hasard avait confié la gestion de son image à un génie de la communication. La preuve : on dit communément que le hasard fait bien les choses, ce qui occulte totalement l'idée qu'il peut tout aussi mal les faire."

* "Plus on est célèbre, plus le monde semble posséder un avis sur votre passé."

* "[...] son premier grand amour, celui qui se transforme souvent en condamnation à perpétuité du souvenir."

* "Avec les années, on acquiert peu à peu la capacité de supporter les coups. La vie humaine se résume peut-être à ça, une incessante expérimentation de la désillusion, pour aboutir avec plus ou moins de succès à une gestion des douleurs."

* "C'est peut-être ça, la plus grande réussite d'un agresseur : provoquer une terreur sourde sans avoir plus rien à faire."

* "N'est-ce pas toujours ainsi ? Les grandes rencontres s'opèrent dans l'ombre de notre volonté. Sachant cela, on devrait toujours faire le contraire de ce que l'on avait prévu."

* "Rencontrer quelqu'un, c'est se permettre d'exister à nouveau sans son passé. On se raconte comme on veut, on peut sauter des pages, et même commencer par la fin."

* "Ce qui est violent dans l'échec, c'est d'avoir perdu la maîtrise de son destin. C'est la soumission à la décision de l'autre."

* "Il est rare que l'on ait accès à son destin opposé ; notre route unique n'offre pas le moindre accès au chemin que nous n'empruntons pas."

 

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