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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
2 juillet 2022

"Raison et sentiments" de Jane Austen

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 Édition numérique - ISBN 9782371130890

 Titre original : Sense and Sensibility - 1811

  Traducteur : ??? (anglais)

 

 

 

 

 

 L'auteur :

Jane Austen

 Jane Austen est née en 1775, en Angleterre, dans une grande fratrie composée de huit enfants. Son père, pasteur, assure des revenus modestes, mais confortables à sa famille. Elle suit de courtes études et complète son éducation à l'aide de la bibliothèque paternelle mise à sa disposition.

 Elle travaille avec acharnement et se met à écrire. Un amour de jeunesse abandonné et un refus à une demande en mariage vouent Jane Austen au célibat. La mort subite du révérend, son père, la laisse dans une situation très précaire avec sa mère et sa sœur Cassandra. Ses frères subviennent à leurs besoins immédiats en les aidant financièrement. En 1809, son frère Edward possède un grand domaine dont un cottage dans le village de Chawton qu'il met à la disposition de sa famille. Bien que n'ayant jamais arrêté d'écrire, Jane retrouve de la stabilité dans sa vie, mais la maladie qui la ronge depuis longtemps, l'emporte en 1817, avant ses 42 ans.

 Elle laisse derrière elle des romans devenus des classiques de la littérature romantique anglo-saxonne dont les plus connus sont "Raison et Sentiments" (1811), "Orgueil et Préjugés" (1813), "Mansfield Park" (1814), "Emma" (1815), "Northanger Abbey" et "Persuasion" (éditions posthumes de 1818). Son dernier roman "Sanditon" restera inachevé, édité en 1825.

 

 Résumé :

À la mort d’Henry Dashwood, injustement privées de leur héritage, sa femme et ses trois filles sont contraintes de quitter leur Sussex natal pour s’installer dans le Devon, à Barton Cottage. Elinor et Marianne Dashwood sont rapidement intégrées à la petite société de la bourgeoisie locale et étriquée. Elinor, l’aînée, a dû faire son deuil d'un amour qui semblait pourtant partagé. Réservée, elle souffre en silence en dissimulant sa peine. Marianne, quant à elle, s'éprend du séduisant Willoughby. Ils parlent rapidement mariage, jusqu'à ce que le beau jeune homme disparaisse sans laisser d'explications.

 

Mon avis :

 Publié de façon anonyme avec la mention : "By a lady", Raison et sentiments est le premier livre de Jane Austen. 

Sense et Sensibility

 Il est impossible de parler de ce roman sans faire référence à son second, édité deux ans plus tard, Orgueil et Préjugés. C'est avec ce dernier que j'ai plongé dans l'univers délicieusement critique de l'autrice au regard sans complaisance sur sa classe sociale. À la lecture de Raison et Sentiments, je n'ai pas été surprise de retrouver un schéma identique, comme si ce premier roman avait servi de "premier jet" au suivant.

 La gentry, les femmes, le mariage et l'argent sont les thèmes récurrents dans l'œuvre de l'écrivaine. Son œil aiguisé, teinté d'humour, sur ses concitoyens, ne se lassait pas de souligner et d'égratigner la bourgeoisie à laquelle elle appartenait. Étant femme, elle était bien placée pour pointer sa plume sur les aberrations du système en place.

 Il faut savoir que la gentry était une société patriarcale très codifiée, composée de propriétaires terriens, n'appartenant pas forcément à l'aristocratie anglaise. Ils étaient d'autant plus riches que leur domaine était étendu. Évidemment, les femmes n'étaient que des faire-valoir, ce qui ne les empêchait pas d'être très critiques entre elles et envers ces messieurs. Les bonnes manières leur étaient enseignées pour qu'elles puissent briller par la façon de tenir leur maisonnée, converser avec leurs semblables et pouvoir montrer leur agilité dans leurs loisirs comme la broderie ou la musique. Dans ce contexte, les parents devaient se montrer vigilants afin que leurs filles puissent se marier avec de "bons partis", c'est-à-dire des hommes ayant suffisamment d'argent pour subvenir à leurs besoins et ceux des enfants à venir, car dans les lois de succession de l'époque, elles n'avaient aucune possibilité d'hériter d'un homme, fut-il leur père ou leur mari.

 L'amour n'était qu'une vue d'un esprit trop romantique. Malgré tout, les femmes étaient loin d'être stupides. Certaines pouvaient être curieuses et astucieuses en élaborant des stratagèmes pour obtenir les faveurs d'un futur fiancé fortuné, convoité par beaucoup de jeunes filles.

 Aucun des travers de ce microcosme n'échappe à Jane Austen, d'autant qu'elle-même subit les injustices de ces lois ancestrales. C'est avec talent qu'elle ne se lasse pas d'épingler et de fustiger ce mode de fonctionnement dans ses romans.

 Pour en revenir au sujet, il est intéressant d'établir un parallèle entre les principaux personnages ses deux premiers romans, puisque le premier pose la trame du second. Même la plupart des caractères de second plan sont affublés des mêmes défauts ou qualités : l'avarice et la cupidité ou la générosité, la méchanceté ou la bonté, la médisance ou la discrétion, la bêtise ou la réflexion, etc.

  • une spoliation d'héritage par le demi-frère John Dashwood / le cousin Collins
  • 2 sœurs qui s'aiment tendrement : Elinor et Marianne / Elizabeth et Jane
  • un homme réservé et taciturne : Edward Ferrars / Mr Darcy
  • un séducteur extraverti : Willoughby / Wickham

 Les deux sœurs ont des tempéraments bien différents. Elinor, l'aînée, est la raison, elle est calme et réfléchie, gardant ses souffrances intimes pour elle, comme Jane. Marianne, la cadette, est extravertie, exaltée par ses sentiments qui la conduisent à oublier la discrétion dictée par les conventions sociales de sa caste, identique à Elizabeth. Pourtant, avec un canevas similaire, Jane Austen propose un focus différent. Si l'héroïne d'Orgueil et Préjugés est la pétillante Elizabeth, ici, c'est la sage Elinor qui se trouve au centre de l'histoire.

 Pour ma part, après le premier sentiment de déjà vu estompé, je me suis laissé emporter dans cette période anglaise que j'affectionne particulièrement, le 19e siècle. N'oubliant jamais sa position de premier roman, j'ai trouvé Raison et Sentiment plus fade. Est-ce parce que la fulgurance des élans du cœur d'Elizabeth imprime une vie plus flamboyante au récit que la pondération réfléchie d'Elinor ? Peut-être. Ce qui est certain, c'est que la version numérique acquise n'a pas bénéficié d'une bonne traduction, défaut que j'ai trop souvent constaté pour les textes classiques. À plusieurs reprises, j'ai noté des lourdeurs de style et des répétitions incongrues qui ont plombé ma lecture. Malgré tout, même sans ces écueils particuliers et sans hésitation, Orgueil et Préjugés reste mon préféré des deux moutures, autant par sa force de conviction que par la finesse de son étude des codes de la Gentry. Une férocité brutale enveloppée de dentelles, comme un bonbon au poivre laisse, sur la langue, une piqûre brûlante après la douceur flatteuse du sucre.

 Jane Austen, appartient aux auteurs classiques que j'aime. Ce n'est pas une mauvaise traduction qui m'en détournera. Dès que je le pourrai, je relirai Raison et Sentiments dans une autre version. Je ne pense pas pour autant changer d'avis, mais j'espère bien retrouver le plaisir de la plume délicate et incisive de l'autrice, un tantinet désuète et si charmante, qui m'a été ôté cette fois-ci.

 

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