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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
16 septembre 2022

"La métamorphose" de Franz Kafka.

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 Édition Folio - 1975 

 191 pages

 Édition originale : Gallimard - 1955

 Titre original : Die verwandlung - 1915

 

 

 

 

 

 L'auteur :

Franz Kafka

Franz Kafka est né en 1883 à Prague. De confession juive, il connaît une enfance solitaire, entre une mère distante et un père autoritaire, dont l'éducation très stricte ne favorise pas les relations. Il étudie le droit après avoir tenté, sans succès, des études de Lettres. Cela ne l'empêche pas de fréquenter des cercles littéraires dans lesquels il se forge des fidèles amitiés.

Dès 1909, il commence à écrire, surtout la nuit, parallèlement à son travail. Ses relations avec les femmes sont tout aussi compliquées que celles entretenues avec sa famille. Certains de ses écrits en sont directement issus : "Lettre au père", "Lettres à Milena". La tuberculose, qui le ronge depuis 1917, le rend dépressif, hypocondriaque et renforce sa phobie sociale. 

Il meurt à 40 ans, laissant derrière lui une œuvre riche, symbole d'un homme déraciné dans une société impersonnelle, cynique et sinistre, brisant les individualités. C'est grâce à son ami Max Brod, outrepassant la volonté de KafKa de détruire tous ses écrits après sa mort, que de grands romans sont publiés à titre posthume. Aujourd'hui, l'auteur tchèque de langue allemande est considéré comme l'un des écrivains majeurs du XXe siècle.

 

 4e de couverture :

 Un matin, au sortir d'un rêve agité, Grégoire Samsa s'éveilla transformé dans son lit en une véritable vermine. Il était couché sur le dos, un dos dur comme une cuirasse, et, en levant un peu la tête, il s'aperçut qu'il avait un ventre brun en forme de voûte divisé par des nervures arquées. La couverture, à peine retenue par le sommet de cet édifice, était près de tomber complètement, et les pattes de Grégoire, pitoyablement minces pour son gros corps, papillotaient devant ses yeux.

"Que m'est-il arrivé ?" pensa-t-il. Ce n'était pourtant pas un rêve.

 

 Mon avis :

 Je me souviens de ma surprise lorsque j'ai lu, pour la première fois, cette nouvelle de Kafka au lycée. Elle a rapidement disparu au profit de la curiosité, de la jubilation, mais aussi d'une grande tristesse. C'est avec le même sentiment d'impuissance que j'ai relu "La Métamorphose", ainsi que les quinze autres nouvelles qui constituent le recueil éponyme. Cette allégorie, symbolique du poids étouffant du travail et celui de la famille, traduit la torture que l'auteur ressent. Un employé modèle, quoiqu'insipide, seul soutien financier de ses proches, se transforme peu à peu en un être dégoûtant son entourage, indigne d'être aimé.

 Kafka aborde, de plein fouet, les conséquences du monde du travail du XXe siècle, dépourvu de bonheur et de contacts humains. Il explore aussi, les relations familiales complexes qu'il connaît bien. La métamorphose psychique de Grégoire est un parallèle avec sa vie. Sensible, dépressif, malade et asocial, il a passé son existence comme enfermé dans une carapace, l'empêchant de profiter pleinement de sa liberté d'adulte.

 Cette nouvelle est un puissant huis-clos, car s'il y a enfermement dans le corps immonde d'un insecte, il y a aussi réclusion dans une chambre, à l'abri des regards. Chaque membre de la famille réagit, à sa façon, à la transformation progressive et irréversible de Grégoire. Le père, à la personnalité destructrice, représentant l'autorité, provoque le mal-être chez son fils. Difficile de ne pas voir en lui le détenteur des règles inflexibles, reflet des relations que l'écrivain entretenait avec son géniteur. Les attitudes de sa mère et de sa sœur ne sont pas irréprochables non plus. La mère ne peut supporter la vision cauchemardesque de ce qu'est devenu son enfant et s'en désintéresse jusqu'au dégoût. La sœur est la seule à approcher ce cafard/frère puis finit par se lasser pour ne lui apporter que ses repas. En résumé, avant ce terrible matin, la famille comptait sur ce fils bienveillant pour leur assurer des conditions de vie confortable. Il était le seul à travailler sans compter ses heures puisque le reste de la maisonnée, pour d'obscures raisons, était dans l'incapacité d'assumer un emploi. L'ironie de la situation montre que, contre toute attente, ils sont tout à fait capables d'accepter les contraintes engendrées par l'exercice d'une profession, à partir du moment où la source de leurs revenus s'est tarie. Grégoire est peut-être une "vermine", un cancrelat, mais quelles sont les sangsues, les véritables monstres ? 

 Chez Kafka, le fantastique n'est plus déroutant, il devient normal. Son personnage principal est totalement ordinaire dans un monde extraordinaire. Quoi de plus rationnel que de s'inquiéter d'un possible retard au travail suite à une indisposition passagère ? Mais dans le cas de Grégoire, l'absurdité tient à ce que son inquiétude s'oriente sur son éventuelle absence professionnelle, et ses conséquences, plutôt que sur sa transformation physique qui pourtant, devrait être le principal de ses soucis. 

 Heureusement, le récit est émaillé d'éléments comiques, voire grotesques, permettant de se libérer de l'oppression cauchemardesque instillée tout au long des pages. Certains esprits cartésiens trouvent cette histoire étrange et inaccessible jusqu'à l'absurde, moi, je préfère me laisser porter par le symbole poignant de la position insignifiante de l'homme, enfermé dans le carcan de la maladie, subissant l'ingratitude d'une famille opportuniste ainsi que l'intolérance à la différence dans l'univers impitoyable et déshumanisé du monde du travail. Pour une nouvelle écrite en 1912 et éditée en 1915, la métaphore reste résolument moderne.  

 

 Extraits et citations.

* "[..] il n’omettait pas de se rappeler qu’une réflexion mûre et posée vaut toutes les décisions désespérées."

* "À de tels instants, il fixait les yeux aussi précisément que possible sur la fenêtre, mais hélas, la vue de la brume matinale, qui cachait même l'autre côté de l'étroite rue, n'était guère faite pour inspirer l'allégresse et la confiance en soi."

* "« Était-il un animal, alors que la musique le bouleversait tant ? »"

* "Mais une saison sans affaires du tout, cela n'existe pas, monsieur Samsa, cela ne doit pas exister."

* "On pense toujours surmonter la maladie sans rester chez soi."

* "Gregor avait l'impression que son père n'était plus seul, mais que plusieurs pères s'étaient ligués contre lui."

 

 

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