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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
12 novembre 2022

"Le grand monde" de Pierre Lemaître

Le grand monde

 

 

 

 

 

 

 

 

 Éditions Calmann-Lévy - 2022 - 592 pages

 ISBN 978270218081

 

 

 

 

 

 

 L'auteur :

Pierre lemaitre

Écrivain, scénariste né à Paris en 1951, Pierre Lemaitre, psychologue de formation, a entamé une carrière d'enseignant pour adultes. Autodidacte en matière de littérature, "Travail soigné" est son premier roman couronné de succès en 2006 avec le Prix Cognac. Bien d'autres suivront toujours appréciés par les lecteurs dont "Au-revoir là-haut", prix Goncourt 2013. 

 

 

 4e de couverture :

La famille Pelletier.
Trois histoires d’amour, un lanceur d’alerte, une adolescente égarée, deux processions, Bouddha et Confucius, un journaliste ambitieux, une mort tragique, le chat Joseph, une épouse impossible, un sale trafic, une actrice incognito, une descente aux enfers, cet imbécile de Doueiri, un accent mystérieux, la postière de Lamberghem, grosse promotion sur le linge de maison, le retour du passé, un parfum d’exotisme, une passion soudaine et irrésistible. Et quelques meurtres.
Les romans de Pierre Lemaitre ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux. Après sa remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, il nous propose aujourd’hui une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses.

 

 Mon avis :

 Inconditionnelle de Pierre Lemaître, je m'en serais voulu de rater le premier tome de la future trilogie, ou quadrilogie, Le Grand Monde. Je m'attendais à être emportée par une aventure dépaysante, à travers les continents. En tournant la dernière page, je reste réservée pour en parler, ayant ressenti une "incomplétude". J'espère pouvoir m'exprimer plus librement lorsque j'aurai terminé la saga. Beaucoup d'événements jalonnent ce premier volume. Les personnages se mettent en place, telle une mise en bouche avant le plat de résistance.

 Sous le vernis de l'apparence "bonne famille et bon parti", les Pelletier cachent de nombreux secrets sous les épais tapis de laine moelleux et coûteux. "Tout ce qui brille n'est pas d'or". Les enfants, très différents émotionnellement et intellectuellement, essayent de se réaliser pleinement, sans toujours beaucoup de succès. L'aisance financière ne peut pas tout leur offrir.

 Je n'arrive pas à cerner pourquoi le chaud et le froid soufflant de Beyrouth à Paris, en passant par Saïgon, n'a pas réussi à me satisfaire. Si certains des membres de la famille sont clairs dans leurs espoirs et leurs intentions, d'autres sont beaucoup plus nébuleux. Honnêtement, j'ai aimé le sensible Étienne et le volubile François. Jean, frustré par ses échecs successifs, j'ai un autre mot en tête que je n'écrirais pas, et l'inconséquente Hélène, véritable fille à papa, m'ont beaucoup moins séduite. Au second plan, j'ai adoré l'intraitable et revêche belle-fille Geneviève, peut-être parce que c'est une tête à claques vraiment détestable, ainsi que Joseph, le chat d'Étienne !

 J'ai également clairement senti "la patte" de l'irremplaçable dialoguiste, Michel Audiard, planer sur certaines répliques. "Si tu expliques trois fois un truc à quelqu'un et qu'il le comprend pas, c'est un imbécile. Mais si, à la fin, il est certain de l'avoir compris mieux que toi, tu as affaire à un con." ou encore "Attendez-moi. Je lyrise, je génuflexe, je quiers l'absolution et je reviens me bourrer la gueule." auraient pu être placées dans la bouche de Bernard Blier, de Jean Gabin ou de Lino Ventura, sans aucun anachronisme !

 Les personnages m'ont paru un peu stéréotypés, particulièrement les femmes. Angèle, la mère, est soumise sans condition aux décisions de son mari sans en souffrir, car le couple qu'elle forme avec Louis est très uni. Il est vrai que l'histoire se déroule dans les années 50, l'une des périodes où la femme au foyer était le modèle consacré. Heureusement, elle prend de la consistance à la fin du volume et, enfin, affiche clairement sa maîtrise pour prendre des décisions importantes sans l'aide de personne. Je mise sur cette révélation pour penser que la suite sera plus fouillée, maintenant que l'ambiance des plus noires est posée. 

 Si certains épisodes m'ont paru longs et sans saveur, je ne suis pas ennuyée pour autant. Le contexte historique dans lequel se déroule l'histoire est magnifiquement relaté par l'auteur, dont les talents de conteur ne sont plus un mystère. Un rappel des conditions de vie dans la France de l'Après-guerre avec ses rationnements et ses conflits sociaux est le bienvenu. J'ai un peu mieux cerné l'Indochine et ses "arrangements", la moiteur de la mousson, la suspicion réciproque des occidentaux et des Viêt-Minhs, sans perdre de vue l'imagination de l'auteur, brodant sur le fruit de ses recherches.

 En résumé, si ce volume m'a donné l'impression d'avoir suivi la silhouette des montagnes russes du plaisir livresque, avec ses hauts et ses bas, je reste foncièrement persuadée d'être au début d'un feuilleton littéraire pendant les Trente Glorieuses, bourré de surprises que je me ferai un plaisir de découvrir lors du prochain opus.

 

 Extraits et citations :

* "Si vous écrivez bien, le journalisme n’est pas fait pour vous, faites plutôt des romans."

* "Dans la guerre qui les opposait, la France, sans le savoir, finançait le Viêt-Minh."

* "Pour Étienne, que des personnes sensées adhèrent à un credo qui privait à peu près de tous les agréments de la vie était un mystère, quoique, à bien réfléchir, les religions occidentales ne proposaient guère plus de joies ou de plaisirs que Siêu Linh."

* "Ici, on ne dit pas « la guerre », on dit « la pacification », nuance !"

* "Personne ne se serait passé des services de ce médecin qui était une institution, même si on ne savait jamais qui, de lui ou de la maladie, serait le plus dangereux."

* "Les groupes parlent entre eux dans un langage que personne d'autre ne peut comprendre, les assassinats font partie de la syntaxe."

 

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Commentaires
D
Rebonjour, j'ai commencé ce roman à la fin de la semaine dernière et il me plaît bien. Je l'ai en poche et il fait plus de 700 pages. Bonne journée.
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