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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
22 novembre 2022

"On était des loups" de Sandrine Collette

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 Éditions JCLattès - 2021 - 198 pages

 ISBN 9782709670661

 

 

 

 

 

 

 

 L'auteur :

S Collette

 Sandrine Collette est une romancière française, née à Paris en 1970. Titulaire d'un master en philosophie et d'un doctorat en science politique, elle partage son temps entre des cours à l'université de Nanterre et la restauration de maisons.

Elle aime la campagne, la forêt, la montagne, les vignes. En conséquence, ses intrigues se situent tout naturellement dans un univers rural. L'écrivaine choisit une image, souvent banale, puis elle déroule sa fiction beaucoup plus complexe.

En 2013, son premier roman "Des nœuds d'acier" rencontre un réel succès tant auprès du public que des critiques et obtient plusieurs prix. Son deuxième roman, "Un vent de cendres", sa version de "La Belle et la Bête", paraît en 2014. Depuis, chacun de ses romans crée un événement en abordant des sujets toujours aussi divers que variés. 

 

 4e de couverture :

 Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils.

 Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.

 

 Mon avis :

 Tous les livres de Sandrine Collette, lus jusqu'à aujourd'hui, ont été, pour moi, des coups à l'âme. "On était des loups" ne fait pas exception. Liam n'a aucune instruction et s'est construit avec la misère et la violence de son enfance. Jeune homme, il est resté vivre au sein de la nature à la façon des Premiers Hommes avec, pour seule subsistance, les produits de sa chasse, de sa pêche et les plantes récoltées lors de ses longs séjours au cœur de la forêt. Rien ne le prédestinait à construire une vie de famille. Pourtant, il rencontre Ava, jeune étudiante, à l'avenir incertain, qui décide de le suivre dans sa retraite perdue. Ils s'aiment d'une manière brute, comme leur vie, avec sincérité, sans fioritures ni mots superflus. Puis arrive le petit ange blond, Aru, adoré par sa mère et méconnu par son père souvent absent. À la disparition d'Ava, comment cet homme rustre va s'occuper du bambin de cinq ans qui reste pour lui un mystère ?

 Le cadre et l'atmosphère sont posés. Le style employé est assez déstabilisant, voire dérangeant. Habilement, l'autrice place le lecteur dans la tête de Liam. La narration utilise peu de ponctuation, avec un vocabulaire réduit, mais juste, reflet de l'esprit torturé de cet homme fruste face à un problème inattendu, prendre en charge un enfant qu'il ne désirait pas. Voilà un coup de génie ! Le sombre et taciturne Liam, avare de mots, déborde de pensées bouillonnantes, épluchées et analysées sous le microscope implacable de Sandrine Collette.

 Persuadé de ne pouvoir vivre comme il l'a toujours fait, avec un enfant accroché dans son sillage, le sauvage Liam, entame un grand voyage afin de trouver une solution. Étouffé par son chagrin, il cherche désespérément à poursuivre son chemin seul, par n'importe quel moyen. Aru doit se débrouiller pour suivre. Observateur intelligent des réactions de son père dont il se sent rejeté, mais qu'il aime d'instinct d'un amour silencieux et inépuisable, il se coule dans ses pas sans protester. Combien de fois ai-je tremblé pour ce bambin de cinq ans, si joyeux, d'une maturité exacerbée face à la rancœur de son géniteur ?

 Sandrine Collette livre une histoire dure, toute en aspérités, sur les relations père-fils, faite d'instincts primitifs imposant des questions comme : À quel moment l'animalité laisse place à l'humanité ? De l'Homme ou de l'Animal, quelle est la créature la plus dangereuse ? Je n'ai cessé de frémir et de trembler pour ce petit bout d'homme, forcé d'affronter la dureté de la Nature sous le regard implacable de son géniteur, quand il veut bien tourner le regard vers lui quelques secondes.

 Les histoires contées par l'écrivaine sont autant de blocs de granit disposés le long de son parcours. Ils sont durs, austères, indestructibles et amochent têtes et cœurs sans discrimination. Pourtant, au fil de son œuvre, décrivant des destins toujours plus abrupts, ces cailloux dans les chaussures, provoquant de multiples claudications, semblent perdre un peu de leur dureté et s'assouplir au tréfonds de leur structure. Protégés par des bords acérés, une mince lueur d'espoir filtre à l'image d'une luciole cachée dans un bosquet épineux, sombre et touffu.

 J'avoue avoir enchaîné les chapitres tel un plongeur en apnée dans les profondeurs de la noirceur de l'âme humaine, sans savoir si je pourrais remonter à la surface sans dommages. La réponse est non ! Encore une fois, ce texte va me hanter longtemps. J'en suis ressortie harassée, épuisée par cette histoire qui aurait pu être sordide de bout en bout, mais qui laisse deviner le lent épanouissement d'un homme à la dérive. C'est ce point de bascule qui a définitivement fait chavirer "On était des loups" vers le coup de cœur !

  

 Extraits et citations :

* "Un enfant c’est une tâche immense, ça signifie s’occuper de quelqu’un d’autre que soi et je ne suis pas sûr qu’on en soit tous capables."

* "C'est le jour où elle est morte que j'ai compris que le monde sans quelqu'un pour qui on donnerait tout c'est l'enfer, et pour moi l'enfer c'est quand il n'y a plus de sens, où que tu ailles ça sonne creux."

* "Je ne suis pas capable de parler à un enfant j'ignore comme on fait, j'ai beau chercher ce que j'aurais aimé qu'on me dise à son âge le jour où la même chose m'est arrivée, je n'ai pas de réponse."

 

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Commentaires
P
Oui, il faut avoir le cœur bien accroché. Sandrine Collette n'a pas besoin d'hémoglobine pour serrer les tripes du lecteur. Sa manipulation est bien au-dessus de ça. <br /> <br /> Depuis que je grignote sa bibliographie, je trouve que ses romans contiennent une lueur d'espoir à la fin contrairement à ceux de ses débuts. Si minime soit la perspective positive, elle fait quand même du bien !
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A
J'ai beaucoup de mal avec cette auteure. je trouve ses livres d'une noirceur qui ne me convient pas.
Répondre
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  • Les loisirs créatifs comme le tricot, le crochet, la broderie, le modelage, le bricolage, les livres et les voyages sont autant de "fils" à l'arc de mes passions à partager et échanger sans modération
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