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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
13 janvier 2023

"Et moi, je vis toujours" de Jean d'Ormesson

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 Éditions Gallimard - 2018 - 280 pages

 ISBN 9782072744303

 

 

 

 

 

 L'auteur :

Jean d'Ormesson

Jean Lefèvre, comte d'Ormesson, né en 1925, écrivain français, philosophe, journaliste et académicien, n'est plus à présenter, remarqué par ses nombreuses participations télévisuelles. Pourtant, il ne se destinait pas à une carrière littéraire. Né dans une famille noble, bien que désargentée, il reçoit une éducation prônant les valeurs traditionnelles. Il se présente comme le plus "cancre" de la fratrie, ayant repassé son baccalauréat après un premier échec alors que son frère aîné est énarque. Malgré ses dires, il se révèle un élève brillant, agrégé de philosophie et normalien. Il embrasse une carrière de haut-fonctionnaire.

Il s'essaye à l'écriture en 1959 avec son premier roman "L'Amour est un plaisir", suivi de plusieurs autres. Mais sa carrière d'écrivain commence réellement en 1971 avec le succès de "La Gloire de l'Empire", couronné par le Grand Prix du roman de l'Académie française. Dans "Au plaisir de Dieu" (1974), il rend hommage à son grand-père en racontant l'effondrement du berceau d'une vieille famille française ancrée dans la tradition.

Jean d'Ormesson est élu à L'Académie Française en 1973, au fauteuil de Jules Romain, devenant le plus jeune académicien (48 ans). En 2015, son œuvre entre dans La Pléiade. La lutte acharnée qu'il mène contre un cancer de la vessie en 2013 l'épuise, cependant "Comme un chant d'espérance" prend forme pendant cette douloureuse période. Il appose un point final à son dernier livre "Un hosanna sans fin" deux jours avant sa disparition, offrant ce cadeau posthume à son lectorat.

Il décède d'une crise cardiaque, au petit matin du 5 décembre 2017, à l'âge de 92 ans. Selon son souhait, il ne repose pas dans la sépulture familiale érigée au cimetière du Père Lachaize dont il disait avec humour "qu'il devrait se faire cendre, car ce caveau était plein comme un œuf." Ses cendres ont été répandues devant la pointe de la Douane de Mer à Venise, non loin de la Basilique Santa Maria della Salute.

 

 4e de couverture :

Il n’y a qu’un seul roman – et nous en sommes à la fois les auteurs et les personnages : l’Histoire. Tout le reste est imitation, copie, fragments épars, balbutiements. C’est l’Histoire que revisite ce roman-monde où, tantôt homme, tantôt femme, le narrateur vole d’époque en époque et ressuscite sous nos yeux l’aventure des hommes et leurs grandes découvertes.
Vivant de cueillette et de chasse dans une nature encore vierge, il parvient, après des millénaires de marche, sur les bords du Nil où se développent l’agriculture et l’écriture. Tour à tour africain, sumérien, troyen, ami d’Achille et d’Ulysse, citoyen romain, juif errant, il salue l’invention de l’imprimerie, la découverte du Nouveau Monde, la Révolution de 1789, les progrès de la science. Marin, servante dans une taverne sur la montagne Sainte-Geneviève, valet d’un grand peintre ou d’un astronome, maîtresse d’un empereur, il est chez lui à Jérusalem, à Byzance, à Venise, à New York.
Cette vaste entreprise d’exploration et d’admiration finit par dessiner en creux, avec ironie et gaieté, une sorte d’autobiographie intellectuelle de l’auteur.

 

 Mon avis :

 Comme il m'est difficile d'écrire une chronique sur un livre de Jean d'Ormesson, paralysée, sans doute, par le personnage que j'admirais tant ! 

 Tout comme l'"Histoire du Juif errant", paru en 1991, l'académicien offre une promenade, pas toujours chronologique, traversant la civilisation de la Préhistoire jusqu'au XIXe siècle en passant par la naissance de l'écriture en Egypte, ses tombeaux et ses palais somptueux, la philosophie grecque étudiée par Platon, Socrate et les autres, l'ambition de César à Rome contrariée par la naissance du christianisme, tout comme les conquérants Charlemagne, Alexandre le Grand, Napoléon, la révolution de l'imprimerie, l'art des peintres vénitiens comme Titien ou Le Tintoret, le Siècle des Lumières en France avec Voltaire, Boileau, Molière, Racine... Le livre est riche de références, au niveau de l'érudition du teneur de plume. 

 Jean d'Ormesson ne se contente pas de parcourir l'Histoire, il s'attarde sur les découvertes qui ont révolutionné la civilisation, souvent dans l'incompréhension et la fureur de leurs contemporains. Le monde d'aujourd'hui est né de l'affrontement perpétuel de la Science, permettant l'accession à certaines connaissances, et de la théologie, enseignée par l'Église, jusqu'à ce que la première prenne son indépendance en rompant tout lien avec la métaphysique.

 Endossant, tour à tour, des personnages secondaires, voire insignifiants, mais toujours au contact d'un "Grand" qui a laissé son empreinte dans l'Histoire, le lecteur est propulsé dans diverses époques, immergé dans l'ambiance plus ou moins survoltée des temps anciens, de façon bien plus vivante qu'en lisant un livre d'histoire. D'ailleurs, il explique lui-même son cheminement : "Tantôt homme, tantôt femme, je suis, vous l'avez déjà deviné, je suis l'espèce humaine et son histoire dans le temps. Ma voix n'est pas ma voix, c'est la voix de chacun, la voix des milliers, des millions, des milliards de créatures qui, par un miracle sans nom, sont passées par cette vie. Je suis partout. Et je ne peux pas être partout. Je vole d'époque en époque, je procède par sondages, je livre mes souvenirs."

 La "petite voix", qui m'accompagne, habituellement, pendant mes lectures, a été avantageusement occultée par celle, si chaleureuse et posée, de l'écrivain, avec cette pointe d'espièglerie et de fausse modestie qui le faisait s'exclamer, enthousiaste : "C'est merveilleux !", "C'est épatant !" 

 Monsieur d'Ormesson, avec votre désir perpétuel de plaire et votre souci de transmettre, vous m'avez offert une lecture parfois ardue, parfois légère, qui est, comme d'habitude, une mine de réflexion philosophique sur le temps qui passe, toujours plaisante par la qualité de votre vocabulaire, de votre érudition, de votre humour facétieux et de votre émerveillement de tout. Vos livres et vos pensées me manquent depuis déjà 5 ans !

 

 Extraits et citations :

* "Au moins tant qu'il y aura des hommes, l'histoire ne s'arrêtera jamais."

* "La limite est un problème philosophique auquel se heurtent tous les hommes."

* "Les hommes font l'histoire avec leur liberté, mais à peine l'ont-ils faite qu'elle se change en nécessité. Et l'acceptation de cette nécessité est au cœur de votre liberté."

* "Comme le destin de chacun d'entre vous, comme la vie, comme l'univers lui-même, l'histoire est une énigme et un secret. Elle est un mystère."

* "Vivre, pour moi, pour tous les moi où je me suis glissée, les uns après les autres, c'était d'abord lire un livre."

* "Je comprenais peu à peu que les philosophes et les peintres, les poètes et les musiciens étaient plus grands que les conquérants."

* "[...] Corneille, si je ne me trompe, c'est un théâtre de femmes avec des hommes. Chez Corneille, la volonté l'emporte sur la passion ; chez Racine, la passion l'emporte sur la volonté. Corneille nous montre des héros triomphants ; Racine, des victimes condamnées. Pour Corneille, la tragédie est une grande aventure héroïque qui peut finir bien ; pour Racine, c'est une aventure personnelle et intime qui ne peut que finir mal."

* "Après s'être attaquée à ses adversaires, la Révolution dévorait ses partisans. Être un artisan de la Révolution consistait le plus souvent, tôt ou tard, à en devenir la victime."

* "Une Europe de la science est en train de se constituer. Comme il y a eu, un peu plus tôt, une Europe de la peinture et de la sculpture dominée par les Italiens [...]. Comme il y a, au XVIIIe, une Europe de la langue et de la littérature dominée par la France. Comme il y aura, un peu plus tard, [...], une Europe allemande de la philosophie."

 

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