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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
28 janvier 2023

"Mrs Hemingway" de Naomi Wood

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 Éditions Quai Voltaire - 2017 - 282 pages

 Titre original :  Mrs Hemingway

 Traducteur : Karine Degliame-O'Keeffe

 ISBN 9782710381310

 

 

 

 

 

 L'auteur :

Naomi Wood

Naomi Wood est née dans le Yorshire en 1983. À 8 ans, elle part à Honk Kong avec ses parents. Elle revient à Londres, 10 ans plus tard, pour étudier la littérature anglaise à l'université de Cambridge. En 2011, elle publie son premier roman, "The Godless Boys", une sombre dystopie sur le totalitarisme interdisant la foi. Son second roman, "Mrs Hemingway", est né de son travail de recherche, effectué pour sa thèse. Il a été publié dans plus de dix pays.

 

 

 

 

 4e de couverture :

Un clou chasse l'autre, dit le proverbe. Ainsi la généreuse et maternelle Hadley Richardson a-t-elle été remplacée par la très mondaine Pauline Pfeiffer : ainsi l'intrépide et célèbre Martha Gellhorn a-t-elle été éloignée par la dévouée Mary Welsh. C'est un fait : Hemingway était un homme à femmes. Mais l'auteur de Paris est une fête ne se contentait pas d'enchaîner les histoires d'amour. Ses maîtresses-là, il les a épousées. Au fil d'un scénario ne variant que de quelques lignes, il en a fait des Mrs Hemingway : la passion initiale, les fêtes, l'orgueil de hisser son couple sur le devant de la scène - la Côte d'Azur, le Paris bohème, la Floride assoiffée, Cuba, l'Espagne bombardée... - puis les démons, les noires pensées dont chacune de ses femmes espérait le sauver.

Naomi Wood se penche sur la figure d'un colosse aux pieds d'argile, et redonne la voix à celles qui ont sacrifié un peu d'elles-mêmes pour en ériger le mythe

 

 

 Mon avis :

 Qui ne connaît pas l'écrivain, mais aussi le nouvelliste, le reporter de guerre, le soldat Ernest Hemingway ? Qui, un jour, n'a pas eu entre les mains un de ses grands titres, " Le vieil homme et la mer " (Prix Pulitzer 1953 et Prix Nobel 1954), " Paris est une fête ", " Pour qui sonne le glas ", " L'adieu aux armes ", " Le soleil se lève aussi "... ? À défaut de les lire, qui n'a pas vu un film adapté d'un de ses romans avec les têtes d'affiche de l'époque comme Lee Marvin, Rock Hudson, Gary Cooper, Ingrid Bergman, Helen Hayes, Humphrey Bogart, Lauren Bacall, Burt Lancaster, Ava Gardner, et bien d'autres ?

 Naomi Wood a eu l'idée d'écrire ce roman biographique sur la vie intime du célèbre écrivain, un savoureux mix de réalité et de fiction, en prenant conscience de la quantité de documents obtenus pour finaliser sa thèse de recherche le concernant. Ce livre est original, non pas tant dans sa construction en quatre parties, une pour chacune de ses femmes, mais surtout en laissant la parole à chacune d'elles, dans l'ordre chronologique, la douce Hadley, l'éclatante Fife, l'indépendante Martha et la fidèle Mary. Du Quartier Latin à Paris, à La Havane à Cuba, en passant par Key West en Floride, elles racontent leur vie commune, plus ou moins courte, et leur rencontre avec les proches du maître de la littérature dont l'amitié fluctue en fonction des époques ; Gertrude Stein, la "papesse" de l'art moderne et ses protégés (Picasso, Matisse, ...), Francis Scott Fitzgerald (auteur de Gatsby le magnifique) entre autres, qui ont eu une influence certaine sur l'œuvre de l'écrivain.

 Hemingway est un homme à femmes. Il aime les femmes et il leur plaît. Il aime davantage les séduire, les faire se pâmer dans ses bras jusqu'à les porter dans son lit que le quotidien. Sa vie est jonchée de conquêtes et de maîtresses, or seulement quatre, sont suffisamment importantes pour qu'il les épouse. Après un début de relation idyllique bien que clandestine, elles s'ennuient par l'absence de plus en plus fréquente d'Ernest en reportage ou en goguette. Puis le mariage s'effrite jusqu'au divorce inéluctable. Le récit de chacune débute avec la fin de leur amour, se sachant trompée avec sa remplaçante. Puis arrivent les souvenirs, les périodes heureuses avec les amis, les fêtes, entrecoupés de temps plus sombres provoqués par l'alcoolisme, le doute, la dépression latente. À chacune, il promet de mieux réussir leur vie commune que la fois précédente, mais le cycle recommence. Une d'entre elles dira :" Ernest Hemingway est aussi doué dans le rôle de l'amoureux transi qu'il est nul dans celui du mari. " Lui n'était pas plus optimiste :" Si deux personnes s'aiment, il ne peut y avoir de fin heureuse. "

 " Derrière chaque grand homme, il y a une femme. " Cette citation, souvent attribuée à Talleyrand, est particulièrement vraie pour Ernest Hemingway qui en a eu quatre, sans pouvoir les garder, étant plus amoureux de l'amour que de ses compagnes. La vie avec lui n'est ni simple, ni reposante, car le mariage n'est pas un duo classique, mais plutôt un trio. Il englobe ses excès, ses maîtresses, ses démons insidieusement omniprésents et les sollicitations incessantes du public et de la presse avide d'informations.

 J'ai beaucoup apprécié cette lecture instructive sur la face cachée de l'écrivain, tout en restant consciente de la façon dont Naomi Wood a romancé l'histoire pour en sauvegarder la cohérence et susciter l'intérêt du lecteur. Ces Mrs Hemingway ont, chacune, leurs qualités et leurs défauts. Par ma part, j'avoue avoir un faible pour Hadley, la compagne des débuts difficiles et incertains, celle liée aux vaches maigres que l'on veut oublier quand la notoriété et l'aisance sont là. Fife m'a un peu agacée, mais elle est, sans conteste, celle qui a été la plus amoureuse et admirative du grand homme. Malgré leur séparation, elle est restée attachée à ce mufle grandiose sans jamais se remarier. Martha, la plus rebelle et indomptable, est la seule des quatre à ne pas avoir été quittée puisqu'elle est partie la première. Enfin, Mary, après les jours heureux, a assisté à la prise de pouvoir des idées noires sur son mari jusqu'à ce qu'il décide de les stopper brutalement, comme son père avant lui.

 Avec ce livre, j'ai découvert l'envers troublant du vernis clinquant donné par la lumière de la renommée d'un homme talentueux, devenu un symbole culturel de la littérature classique. Les portraits des femmes d'Hemingway sont touchants ou grinçants. La personnalité de chacune est révélée en levant le voile sur leur bonheur, leurs angoisses et leur frustration, jusqu'à leur douleur et leur chagrin de ne pas être aimées autant qu'elles aiment. Une plongée intime aux côtés de celles qui ont soutenu un homme-enfant torturé et fantasque. 

 

 Extraits et citations :

* " [...] le mariage est nécessairement composée de trois ingrédients que sont le vol, la possession, le dédommagement. "

* " Les livres sont comme les gens, ils sont bien meilleurs quand on ne les comprend pas tout à fait. "

* " Martha pense que c'est typique d'Ernest : il veut sa femme, il veut sa maîtresse, il veut tout ce qui est à sa portée. Il est avide de femmes mais surtout il ne connaît pas ses vrais besoins, alors dans le doute il essaie d'attraper tout ce qui passe. Épouse après épouse. Ce n'est pas une épouse qu'il lui faut ; c'est une mère ! "

* " Ernest Hemingway est aussi doué dans le rôle de l'amoureux transi qu'il est nul dans celui du mari. "

* " Mais les écrivains et leurs démons sont inséparables. "

 

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