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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
13 février 2023

"Sukkwan Island" de David Vann

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 Éditions Gallmeister - 2009 - 192 pages

 Titre original : Sukkwan Island - 2008

 Traducteur : Laura Derajinski - Anglais (USA)

 ISBN 9782351780305

 

 

 

 

 L'auteur :

David Vann

David Yann est un écrivain américain, né en 1966 en Alaska où il passe son enfance. Il aime la mer, la nature et la littérature. Sa jeunesse se déroule en Californie avec sa mère, séparé de son père, et sa sœur. À l'âge de 13 ans, il subit le traumatisme que lui inflige le suicide de son père. Il écrit pour des magazines et de nouvelles, puisant son inspiration dans sa vie privée.

Sukkwan Island est son premier roman traduit en français. Ce livre a connu un succès mitigé lors de sa parution aux États-Unis. Par contre, sa version française a remporté de nombreux prix. David Vann est aujourd'hui traduit en 18 langues et importé dans plus de 60 pays.

 

 4e de couverture :

 Une île sauvage du sud de l'Alaska, accessible uniquement par bateau ou par hydravion, tout en forêts humides et montagnes escarpées. C'est dans ce décor que Jim décide d'emmener son fils de treize ans pour y vivre dans une cabane isolée, une année durant. Après une succession d'échecs personnels, il voit là l'occasion de prendre un nouveau départ et de renouer avec ce garçon qu'il connaît si mal.

 La rigueur de cette vie et les défaillances du père ne tardent pas à transformer ce séjour en cauchemar, et la situation devient vite incontrôlable. Jusqu'au drame violent et imprévisible qui scellera leur destin.

 Sukkwan Island est une histoire au suspense insoutenable. Avec ce roman qui nous entraîne au cœur des ténèbres de l'âme humaine, David Vann s'installe d'emblée parmi les jeunes auteurs américains de tout premier plan.

 

 Mon avis :

 Devant l'avis très positif exprimé par plusieurs de mes amies lectrices, j'ai abordé ce roman très noir avec curiosité. Mon impression après lecture est... perplexité et malaise ! Je ne suis pas arrivée à suivre les méandres psychologiques de Jim alors que j'ai bataillé, en pure perte, aux côtés de Roy dans le climat hostile de l'Alaska en plein hiver. Mais je biaise grandement l'histoire.

 La vérité est que, dès le départ, j'ai eu du mal à croire aux circonstances qui mettent, face à face, un père absent et son ado de 13 ans. Si vouloir consolider des liens inexistants par une expérience nature partagée à deux est plausible, je ne pense pas qu'un jeune californien, entouré de sa mère, de sa sœur et de sa bande de copains, accepte de suivre un presque inconnu, fut-il son géniteur, contre l'avis de ses proches, pour une expérience de survie dans le froid pendant toute une année, loin de toute civilisation. 

 Une fois intégrées les bases chaotiques de ce séjour en duo, il est clair que le père est rapidement dépassé par les événements. Rien ne se déroule comme il le prévoyait. S'était-il seulement préparé à ce séjour de l'Extrême, avec la responsabilité d'un ado en plus ? Récemment quitté par sa deuxième épouse, il la harcèle au téléphone. Il part marcher ou chasser dans la forêt en laissant son fils seul sans prévenir. Bref, il vit sa vie sans se préoccuper de son compagnon de séjour. Je me suis souvent demandé la finalité de ce tandem où l'enfant devient, du haut de ses 13 ans et grâce à sa maturité, le protecteur d'un père complètement confus.

 Plus le temps passe et plus le huis-clos devient étouffant. Le climat de l'Alaska n'est pas pour adoucir l'ambiance avec le brouillard givré, la pluie glacée et le vent aux bourrasques assourdissantes. Visiblement, Jim se laisse submerger par ses démons. Il est, de plus en plus, dévoré par une bipolarité latente, tantôt dépressif et colérique, tantôt souriant et enthousiaste, inquiétant son fils Roy qui, sans un mot, s'éloigne de l'atmosphère morbide imprégnant leur cabane bancale, en s'occupant au-dehors, à la recherche de calme et de stabilité. Les descriptions de la nature environnante, bien qu'hostile, sont impressionnantes de précision. Je reconnais là le point fort de l'auteur. Je n'ai eu aucun mal à imaginer Roy s'époumoner dans la tempête alors que son père, à quelques mètres de lui, reste sourd à ses appels ; ou encore, leur progression dans le brouillard, tous deux reliés par une écharpe pour ne pas se perdre de vue, ni se perdre tout court. 

 Après avoir sursauté à la toute fin de la première partie par un événement auquel je ne m'attendais pas, il a fallu que je m'accroche pour progresser dans la deuxième, avec ce père au comportement totalement irraisonné, aux confins de la folie, ayant, toutefois, des lueurs de lucidité. Effrayant !

 Peut-être faut-il un peu de temps pour digérer une telle lecture. Pour ma part, malgré la noirceur entretenue par un drame latent, puis une tragédie avérée, ce roman d'un noir profond m'a beaucoup dérangée, ressentant une inégalité de traitement entre les deux périodes décrites. La première partie enchaîne les événements avec une vivacité incroyable et dévoile la relation toxique établie entre un père dépressif égocentrique et un fils désorienté par ces humeurs changeantes. Par contre, la seconde est particulièrement épuisante, noyée dans un auto-apitoiement constant insupportable, plongeant dans un délire frénétique.

 M'étant documentée sur la biographie de l'auteur, j'ai réalisé sa similitude frappante avec Roy. "Sukkwan Island" semble être une psychothérapie par l'écriture de David Vann. Dans son adolescence, il a refusé de quitter son confort californien pour accompagner son père dépressif pour un séjour en duo. Culpabilisé par son suicide quelque temps après, je pense qu'il a voulu donner une deuxième chance à sa relation père-fils, grâce à la fiction. Roy lui a permis de vivre l'aventure qu'il s'est refusée, côtoyer son père, et peut-être, le sauver en changeant le destin. Quoique... 

 Je comprends que certains aient apprécié cette histoire qui ne peut pas laisser indifférent. Malheureusement, je me suis sentie prise en otage dans une confrontation intime et morbide comme une voyeuse importune et déplacée. Mise mal à l'aise par cette lecture dérangeante, je garde un goût amer difficile à oublier. Un livre, extrêmement bien écrit, à éviter absolument les soirs de déprime !

 

 Extraits et citations :

* « J'ai le sentiment qu'une vie est en réalité constituée de plusieurs vies qui s'additionnent pour former un ensemble incroyablement long. »

 

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