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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
23 juillet 2023

"J'aimerais tant que tu sois là" de Jodi Picoult

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 Éditions Actes Sud - 2023 - 391 pages

 Titre original : Wish You Where Here

 Traducteur : Marie Chabin

 ISBN 9782330178963

 

 

 

 

 

 

 L'auteur :

Jodi Picoult

 Jodi Picoult est née en 1966 à Long Island, dans l'État de New-York. Elle a pratiqué divers métiers : rédacteur technique pour une société de courtage, rédactrice pour une agence de pub, éditrice de manuels scolaires et professeur d'anglais en primaire avant de poursuivre ses études en Master en Sciences de l'Éducation à Harvard.

Son œuvre  aborde des sujets de société brûlants. Traduits en une quarantaine de langues, ses romans connaissent un succès considérable dans le monde entier.

 

 4e de couverture :

La vie de Diana est sur des rails : elle a le petit ami idéal et le job de ses rêves chez Sotheby’s. À bientôt trente ans, il ne lui manque plus que la bague au doigt, et elle est presque sûre que Finn va faire sa demande pendant leur escapade aux Galápagos. Mais, réquisitionné à l’hôpital en ce début 2020, il doit rester à New York et insiste pour qu’elle profite de ce paradis sans lui.
C’est donc à contrecœur qu’elle part – et rien ne se passe comme prévu : bagage perdu, hôtel fermé, wifi inexistant, elle se retrouve coupée du monde et doit sortir de sa zone de confort.
De rencontres en introspection, Diana pourrait bien réaliser que sa vie et son bonheur ne sont pas là où elle le croyait…

 

 Mon avis :

 Inconditionnelle de Jodi Picoult, j'attendais avec fébrilité son nouveau livre traduit en français, et le voici ! Bien que le titre ait des allures de romance un peu mièvre, je me suis avidement jetée dans cette nouvelle histoire, sans lire la quatrième de couverture, certaine d'aller à la rencontre de personnages plongés au cœur de problèmes de conscience, comme sait si bien l'écrire l'autrice. 

 Petit à petit, j'ai senti l'eau du bain refroidir jusqu'à me glacer, me laissant perplexe, attendant que se dessine une voie à suivre, face à la débandade médicale provoquée par un ennemi invisible et inconnu appelé Covid !!! Allais-je pouvoir replonger au sein de la pandémie mondiale qui a paralysé la planète ? Franchement, je me suis sentie très mal à l'aise à chaque retour de Finn chez lui, jetant en vrac à sa compagne, toute la pression subie à l'hôpital dans lequel il est interne, son angoisse due à son impuissance face à la détresse humaine, sa fatigue au bout d'interminables gardes, comme il jette ses vêtements dans un sac, avant une douche salvatrice. Le décompte journalier des hospitalisations et de la mortalité m'est revenu à l'esprit comme un boomerang, me donnant un vertige amer, ainsi que tous les moments difficiles, très difficiles, traversés au printemps 2020. Rien qui ne puisse me mettre dans de bonnes dispositions pour accueillir ce récit de façon sereine.

 Le voyage au Galápagos de Diana, loin de toute réalité et de son compagnon harassé, paraît déplacé. S'occuper de son petit nombril doré et faire de nouvelles connaissances en jouissant d'une liberté bienvenue sur l'île, quand le monde entier est confiné avec anxiété, semble surréaliste et peu crédible. Évidemment, il apporte une bouffée d'oxygène, mais je la trouve bien trop artificielle et dissonante dans le contexte. Par la suite, je comprendrai pourquoi. Je reconnais même avoir été magnifiquement manipulée !

 Je ne peux pas en dire plus sur le sujet au risque de dévoiler des parties clé de l'intrigue. Ce que je peux révéler, ce sont les divers stades de ma réflexion, pendant et après la lecture de ce bouquin. Les deux premiers tiers m'ont un peu irritée pour les raisons citées plus haut. Puis, est arrivé le dernier tiers et la fin du volume. Là, je suis, tout d'abord, restée pantoise devant l'énormité de la pirouette picoultienne. Un peu à la manière de Murielle Robin dans un de ses sketches, je n'arrivais pas à imprimer ! J'ai tourné la dernière page en pensant : "Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire rocambolesque ? Est-ce que Jodi Picoult, qui me régale de sa prose et de son imagination à chaque fois, en traitant de sujets lourds portés par notre société, aurait sombré dans le marasme de la littérature facile, surfant sur sa notoriété ?" Je n'arrivais pas à y croire aussi, je me suis accordée du temps avant de repenser à ce bouquin dérangeant.

 Aujourd'hui, j'ai pris un peu de recul, tout en restant mitigée. J'ai essayé d'analyser mes reproches émis à l'encontre de cette aventure. Je voulais tenter de comprendre pour quelles raisons j'avais résisté à l'appel de la sirène Picoult, ce qui ne m'était encore jamais arrivé. 

 Premièrement, la période Covid a été si pénible que je n'étais pas prête à replonger dans ce marasme sanitaire et social. La vie a repris son cours sans aucune modification de prise de conscience, ou si peu, malgré les multiples discours pseudo-écolos pendant la crise. Ce livre, avec le talent de conteuse de l'autrice, peut être considéré comme un témoignage solide pour la génération future, trop jeune en 2020 ou pas encore née, pour laquelle il sera difficile de croire que le monde entier a cessé toute activité durant quelques semaines. Moi, qui l'ai vécu, j'en suis encore stupéfaite. Ensuite, connaissant la fin, il m'apparaît nettement que Jodi Picoult m'a embarquée sans que je ne soupçonne rien, bien que certaines situations me paraissaient un peu trop surprenantes. Enfin, les études sur le fonctionnement du cerveau, si mal connu et si incomplètement utilisé par l'homme, m'ont toujours fascinée, il est donc naturel que la dernière partie du livre m'ait interpelée. Après mon temps de pause, j'entrevois le chemin qu'a voulu prendre l'autrice, bien que je n'aie pas vraiment réussi à la suivre. La scène finale est du Jodi Picoult pur jus, si j'ose dire.

 Les points positifs, (oui, oui, il y en a quelques-uns), se situent dans les univers dont l'écrivaine ouvre les portes. La magnifique description des Galápagos, site éminemment protégé de l'invasion destructrice des touristes, avec ses paysages escarpés, ses lagons paradisiaques, sa faune et sa flore extraordinaires. Le monde des enchères de luxe chez Sotheby's, animé par le ballet des personnes gravitant dans ce milieu hors normes. Et, comme toujours, les relations humaines dans toute leur complexité.

 En résumé, seule la vivacité de ton de l'auteur, aidée de ma curiosité, car je sais qu'elle a le don de surprendre par des revirements inattendus de situation, ont réussi à me dissuader d'abandonner ma lecture en cours de route. "J'aimerais tant que tu sois là" ne sera pas dans mon top 5, ni même dans mon top 10 que j'accorde à l'écrivaine. À mon avis, ce n'est clairement pas son meilleur roman. Honnêtement, je pense qu'il était beaucoup trop tôt pour que je lise un ouvrage relatant cette crise sanitaire, comme sujet principal comme en toile de fond. Aussi envahissante que dans la réalité, elle a occulté beaucoup de sujets secondaires, pourtant intéressants, par exemple, l'interrogation existentielle sur le bonheur et les moyens de le conserver. Est-ce qu'il est vraiment là où l'on croit qu'il se trouve ? Faut-il toujours suivre un chemin dans la même direction, comme les porteurs d'œillères, sans se donner la liberté d'explorer d'autres pistes, peut-être plus enrichissantes ? N'avons-nous pas le droit de nous tromper et de rectifier nos erreurs ? 

 Je pense sincèrement, grâce à la postface très explicite, que Jodi Picoult a voulu exorciser la peur éprouvée pendant cette période où plus personne n'avait de repères, où les points de vue opposés s'affrontaient sans filtre sur la toile, comme dans les maigres occasions de vie sociale, faisant naître un climat détestable. Cette ambiance belliqueuse a été d'ailleurs largement entretenue par certains illuminés, diplômés ou non. En même temps, elle a voulu montrer la résilience dont l'homme est capable face à une attaque complexe et cependant mortelle dans de nombreux cas, ainsi que l'opiniâtreté et le dévouement des soignants, toujours aussi mal récompensés aux États-Unis, tout comme en France.

 Je vais effacer ce sentiment de frustration par d'autres lectures plus légères en attendant le prochain roman de l'écrivaine, car je ne compte pas m'en priver. Le fait que je n'ai pas vraiment apprécié ce volume n'entame en rien l'admiration que je lui porte. J'espère seulement retrouver le plaisir de la lire, autant sur la forme que sur le fond, comme dans "La tristesse des éléphants", "Mille petits riens", "Comme un loup solitaire", "Une étincelle de vie", "Ma vie pour la tienne", "Pardonne-lui" ou bien d'autres...

 

 Extraits et citations :

* « Le monde peut se transformer en un battement de cœur. La vie est toujours un pari incertain, jamais une valeur sûre. »

* « [...] il n'y a rien de pire que l'isolement. »

* « [...] si quelqu'un t'abandonne, ce n'est pas toi qui as un problème, c'est celui ou celle qui part. »

* « Il y a deux façons de construire un mur. Soit on le construit pour tenir à l'écart les gens qui nous font peur, soit on le construit pour enfermer les gens qu'on aime. »

* « [...] la vérité est parfois aussi tranchante qu'un couteau. »

* « Ce n'est pas facile de reprocher à quelqu'un d'enfreindre la loi quand on lui a refusé toutes les autres solutions. »

 

 

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