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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
7 février 2020

" Les Testaments" de Margaret Atwood

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  Editions Pavillons / Robert Laffont

  542 pages

  Traduction de l'anglais (Canada): Michèle Albaret-Maatsch

  Parution: septembre 2019

 

 

 

 

 

 

 

 L'auteur:

Margaret Atwood

Née en 1939 à Ottawa dans l'Ontario au Canada, Margaret Atwood est une critique littéraire, romancière et poétesse. Elle a commencé à écrire à 16 ans. Après sa scolarité à Toronto, elle poursuit ses études à l'Université de Harvard. Elle a enseigné dans différentes universités prestigieuses: Columbia, Montréal, Toronto, New-york.

Auteur d'une quarantaine de livres abordant divers genres: fictions, essais, critiques, nouvelles, poésies, elle a été honorée de nombreux prix. Traduits dans une cinquantaine langues, Margaret Atwood a connu la célébrité grâce à sa fiction dystopique "The Handmaid's Tale" publié en 1985, traduit en français en 1987 sous le titre "La Servante Écarlate". 

 

 4° de couverture:

Le chef d'oeuvre dystopique de Magaret Atwood, "La servante Écarlate", est devenu un classique contemporain... auquel elle offre aujourd'hui une spectaculaire conclusion dans cette suite éblouissante.

Quinze ans après les évènements de La Servante Écarlate, le régime théocratique de la République de Galaad a toujours la mainmise sur le pouvoir, mais des signes ne trompent pas: il est en train de pourrir de l'intérieur.

A cet instant crucial, les vies de trois femmes radicalement différentes convergent, avec des conséquences potentiellement explosives. Deux d'entre elles ont grandi de part et d'autre de la frontière: l'une à Galaad, comme la fille privilégiée d'un Commandant de haut rang, et l'autre au Canada, où elle participe à des manifestations contre Galaad tout en suivant sur le petit écran les horreurs dont le régime se rend coupable. Aux voix de ces deux jeunes femmes appartenant à la première génération à avoir grandi sous cet ordre nouveau se mêle une troisième, celle d'un des bourreaux du régime, dont le pouvoir repose sur les secrets qu'elle a recueillis sans scrupules pour un usage impitoyable. Et ce sont ces secrets depuis longtemps enfouis qui vont réunir ces trois femmes, forçant chacune à s'accepter et à accepter de défendre ses convictions profondes.

En dévoilant l'histoire des femmes des Testaments, Margaret Atwood nous donne à voir les rouages internes de Galaad dans un savant mélange de suspense haletant, de vivacité d'esprit et de virtuosité créatrice.

 

 Mon avis:

Lors du défi lecture 2018 dans lequel je m'étais engagée, La Servante Écarlate avait été mon choix pour illustrer la catégorie dystopie sortant ainsi de ma zone de confort et m'ouvrant à un monde totalement inconnu. Si le film de Volker Schlöndorff en 1990 avec Faye Dunaway, Robert Duval et Natasha Richardson n'a pas vraiment frappé les esprits, la série télévisée de 2017 a connu un franc succès avec les excellentes interprétations de Elisabeth Moss (Defred) et de Ann Dowd (Tante Lydia). Elle a permis de toucher un public peu sensible à la lecture de romans d'anticipation et de reporter sur le devant de la scène le livre de 1985. En adoptant un regard féministe terriblement actuel plus de trente ans plus tard, la projection conjecturale du roman des années 80 trouve une résonance impitoyable dans le contexte d'aujourd'hui: la misogynie, les lois anti-avortement, toutes les violences faites aux femmes, le retour du fanatisme religieux...etc.

Le roman "Les testaments" est présenté comme la suite de "La Servante Écarlate" mais je ne suis pas de cet avis. Si les servantes sont toujours présentes dans le paysage, plus de Defred ...quoique... ni toutes ses infortunées compagnes. Margaret Atwood a l'intelligence de ne pas délayer les propos qu'elle avait déjà bien explorés il y a 30 ans. Nous sommes toujours dans la république de Galaad (Gilead), 15 ans plus tard. Trois voix vont s'entrecouper tout au long du récit apportant chacune le témoignage de leur vie: La Transcription du témoin 369A, La Transcription du témoin 369 B et Le Testament olographe d'Ardua Hall. Derrière chaque appellation impersonnelle se cache une femme qui n'a rien de commun avec les deux autres. La première est Agnès élevée à Galaad destinée à devenir une Épouse obéissante. Daisy, la seconde semblable aux adolescentes rebelles d'aujourd'hui, vit à l'extérieur du Mur, au Canada. Et enfin la troisième est Tante Lydia qui se révèle sous une lumière bien différente en livrant des confidences sur sa vie d'avant. Son parcours qui l'a conduite à devenir une clé de voûte du régime laisse percevoir la différence entre fanatisme et collaboration. De terrifiante, elle devient fascinante.

L'auteur donne enfin des réponses aux questions qui ont pu titiller le lecteur lors de l'épilogue de la Servante Écarlate: "Qu'est-ce qui a détruit le régime de Galaad?" et décrit savamment les rouages de la théocratie totalitaire du pays: l'art de la propagande, l'hypocrisie, la lâcheté et les turpitudes des plus puritains. Le ver est dans le fruit et conduira inexorablement à la destruction de cette République au système corrompu jusqu'à la moelle!

En sujet principal, les Servantes ont passé la main aux Tantes au courant de tous les potins de chaque maison grâce au réseau de pipelettes des Marthas. Une nouvelle caste apparaît, Les Perles, toutes de gris-argent vêtues parcourant les chemins peuplés de "dégénérés" hors du Mur pour prêcher la bonne parole. Toujours par deux, elle sont les missionnaires du Régime chargées d'enrôler les "âmes perdues" afin de les remettre sur le bon chemin et surtout d'apporter du sang neuf à la prochaine descendance.

Si La Servante Écarlate était résolument sombre et pessimiste, tout en psychologie sur la claustrophobie d'une femme violentée en quête de liberté, Les Testaments révèle une étude sociologique du monde dystopique créé par Margaret Atwood tout en instillant une lueur d'espoir. Dans une interview, elle déclarait avoir conçu l'univers de La Servante à Berlin, à l'époque du Mur, que les faits relatés avaient tous eu lieu quelque part sur la planète et enfin que Galaad devait beaucoup au passé puritain des États-Unis. 

Je pense que ce livre n'a pas la puissance du premier qui était une totale découverte pour moi néanmoins il est tout aussi passionnant. Écrit 34 ans plus tard, il distille une atmosphère paranoïaque qui, encore une fois, touche juste et vous embarque totalement dans son tourbillon.

Un détail cependant...pourquoi la traductrice a cru bon de changer le nom de Gilead en Galaad? Même si je comprends sa volonté d'après la note explicative en début de volume de retraduire certains mots, je trouve dommage de débaptiser un monde dont le nom est ancré dans l'imaginaire de tous les lecteurs et téléspectateurs, amateurs du genre.

Fans de la première heure, je pense que vous allez vous régaler...

"Bénit soit le Fruit!

Sous son Oeil!

Que le Seigneur ouvre!"

 

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