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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
4 juin 2021

"Michel-Ange" de Andrey Konchalovsky

Michel-Ange

 

 

 

 

 Film d'Andrey Konchalovsky - 2h16 - VOST

 Date de sortie: 26/10/20 - 19/05/21

 Titre original: Il Peccato

 avec Alberto Testone

 

 

 

 

 

  

Synopsis:

Florence, au début du XVIe siècle. Même s'il est considéré comme un génie par ses contemporains, Michelangelo Buonarroti est réduit à la pauvreté après son combat pour terminer le plafond de la chapelle Sixtine. Lorsque son commanditaire et chef de la famille Della Rovere, le pape Jules II meurt, Michel-Ange devient obsédé par l'idée de trouver le meilleur marbre pour terminer son tombeau. La loyauté de l'artiste est mise à l'épreuve lorsque le pape Léon X, de la famille rivale Les Médicis, accède à la papauté et lui passe une nouvelle commande lucrative: la façade de la basilique San Lorenzo. Obligé de mentir afin de conserver les faveurs des deux familles, Michel-Ange est victime de suspicion et d'hallucinations qui le mènent à faire un examen de sa propre morale et de ses échecs artistiques.

Mon avis:

Pour mon retour dans les salles obscures, après une si longue période de manque, je me devais de choisir un film à la hauteur de mes espérances. Mon rendez-vous avec Michel-Ange m'a totalement subjuguée et continue à faire son chemin dans mon esprit. Si le génie de l'artiste a été rarement porté à l'écran, j'ai ressenti cette version comme extrêmement riche en enseignements, car basée sur de perpétuels contrastes, bien loin des clichés habituellement associés à la Renaissance qui submergent le cinéma hollywoodien.

La production russo-italienne présente un film rugueux, sombre à l'image de l'artiste toujours à la recherche du sublime et jamais satisfait de son travail, sans cesse tiraillé sur tous les plans de sa vie, artistique comme politique. Ses lieux de vie et de création: Florence, Rome et Carrare. Ses deux mécènes, familles ennemies de toujours, passant au pouvoir successivement, capables d'aider ou de détruire n'importe quel artiste, ou quiconque se dressera sur leur chemin: les Della Rovere et les Médicis. La noirceur de la crasse ambiante et la blancheur virginale du marbre de Carrare. Des intérieurs fastueux de la haute bourgeoisie aux pestilences des rues et des taudis sordides du peuple miséreux semblant être resté coincé au Moyen-Âge, le Maestro promène sa fureur, sa générosité, ses hallucinations, ses doutes, sa suspicion et son obsession pour le voyage en Enfer de Dante Alighieri. 

Alberto Testone est remarquable, non seulement pour la véracité dans son interprétation du Génie torturé par inachèvement de son œuvre entièrement tournée vers le Divin, mais aussi par la stupéfiante ressemblance avec son modèle. L'acteur s'est effacé laissant place au créateur du plafond de la chapelle Sixtine, sale, repoussant, mais terriblement humain!

Certains peuvent être déroutés par le dépouillement de la mise en scène, le peu de contraste de couleurs tendant à une certaine monochromie de l'image, la musique quasi inexistante, le manque de mouvements sophistiqués de la caméra et surtout l'absence des œuvres de Michel-Ange. Pour moi, c'est une réussite. La sobriété qui ressort de l'abstraction de tous ces effets cinématographiques permet la concentration sur l'Homme lui-même, ses tourments de créateur, sa hantise de la trahison, sa recherche perpétuelle de la qualité et de la finesse. On assiste à une démarche plus philosophique que purement visuelle.

La séquence du "monstre" de Carrare, énorme bloc de marbre blanc "comme du sucre" répondant à la perfection recherchée par le sculpteur, transporté par la méthode de la lizzatura est sublissime. Les paysages fabuleux, l'ingénierie de l'artiste pour assurer la glissade, les vociférations des mineurs, toute l'agitation semblant désordonnée et pourtant millimétrée, particulièrement en version originale (italien), sont d'un réalisme confondant. 

Les périodes s'enchaînent en provoquant une myriade de sentiments: surprise, dégoût, mélancolie, curiosité. Rares sont les moments de joie, mais il y en a, allant jusqu'à quelques pointes d'humour. Happée par le cercle infernal des affres de la création et des conditions politiques et économiques instables de Michel-Ange, j'ai ressenti  beaucoup d'émotions lors de sa réflexion sur l'ensemble de son Œuvre. Toute sa vie, il a traqué le moindre défaut, convoité le marbre parfait, assuré l'excellence du geste pour arriver à insuffler la palpitation de la vie sous le grain le plus fin de ses statues afin d'atteindre au plus proche le Divin dans toute sa pureté pour aider les prières de ces contemporains à parvenir jusqu'à Lui. Il est accablé de réaliser que la beauté de son travail, qu'il voit toujours imparfait mais proclamée par tous ceux qui ont la chance de l'admirer, du simple paroissien jusqu'au pape lui-même, n'atteint pas le but recherché. La perfection détourne les fidèles de Dieu, car elle n'incite pas à la prière, mais à l'adoration impie, tel le veau d'or de l'Ancien Testament.

Ce film est austère, oui mais, oh combien grandiose! Il est très audacieux de nos jours où tout est "paraître" de se tourner vers l'Essentiel, sans débordements inutiles ni fioritures. Après plus de deux heures à souffrir avec Michel-Ange, Andrey Konchalovsky panse les émotions du public en faisant émerger de l'ombre de magnifiques sculptures de marbre blanc. La caméra a retrouvé sa mobilité. Les détails de la célèbre Pietà jouent avec la lumière ainsi que le monumental Moïse aperçu dans le film pour le bonheur de tous et du mien en particulier.

Avec le concours du site Allo Ciné, voici la bande-annonce du film....

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