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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
10 juin 2023

"Le poids des morts" de Víctor del Árbol

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 Éditions Babel - 2022 - 294 pages

 Édition originale : Actes Sud - 2020

 Titre original : El peso de los muertos

 Traducteur : Claude Bleton - Espagnol

 ISBN 9782330167745

 

 

 

 

 

 

 L'auteur :

Víctor del Árbol

Né à Barcelone en 1968, Víctor del Árbol est un auteur de roman policier espagnol. À la fin de ses études supérieures d'Histoire, il entre dans le fonctionnariat au service du gouvernement de la Catalogne, tout en participant à une émission radiophonique. Son premier roman, "Le poids des morts", paraît en 2006 et contient tous les ingrédients de ce qui deviendra sa signature. En 2011, "La tristesse du samouraï" lui apporte la notoriété en devenant un best-seller traduit dans une douzaine de langues et remportant de nombreux prix littéraires.

 

 4e de couverture :

Novembre 1975 : Lucía rentre à Barcelone après des années d'exil, accompagnée par les cendres de son père et par les fantômes qui avaient provoqué son départ. Le général Franco agonise et avec lui une Espagne décrépie et violente. Il est alors temps de se délester du poids des morts.

 Pour cela, Lucía va tenter de révéler la vérité sur les conclusions d'un drame survenu trente ans plus tôt. Mais, dans une atmosphère "fin de règne", la terreur et la suspicion sont partout, et le commissaire Ulysse, face à la jeune femme, est prêt à livrer sa dernière bataille.

 Un vieux militaire inflexible, une belle épouse délaissée, un jeune médecin éperdument amoureux : autour de cette funeste trinité graviraient aussi un terrifiant policier et un pauvre bougre qui, par lâcheté, lui avait vendu sa petite-fille. L'heure est désormais à la confrontation.

 Ce tout premier roman de Víctor Árbol porte en germe l'incomparable talent de l'auteur de La Tristesse du Samouraï à décrire les tourments de l'âme ainsi que les nuances de tout le mal que l'on peut faire par amour en bâtissant sa vie sur le mensonge.

 

 Mon avis :

 "Le poids des morts" est un roman qui m'a laissée dubitative. J'aime les romans, particulièrement les romans historiques et la longévité du franquisme m'a toujours interrogée. J'aime l'Espagne, le soleil et le caractère ombrageux et entiers des Ibériques. J'aime qu'une histoire me bouscule et me provoque des émotions. Curieusement, ici, j'ai souvent eu l'impression de nager à contre-courant, de réagir après coup. La désespérance de certains personnages n'a pas réussi à m'atteindre, non par un souci de protection inconscient de ma part, mais plutôt comme si je n'arrivais pas à m'intégrer à leur entourage.

 Pourtant, les horreurs du régime totalitaire rythment le récit de façon insupportable. Quelques fois, les aller-retour incessants dans le temps entre passé et présent m'ont donné le vertige. Quelques lignes ont été nécessaires afin de retrouver mon équilibre et de poursuivre l'aventure malheureuse de Nahúm, Lucía, Octavio et l'horrible Ulysse. L'amour sans amour, l'amour confinant à la haine est aussi lourd qu'une pierre ouvrant sur le néant et sur l'annihilation de l'être humain.

 Lorsqu'une lecture me provoque de la perplexité, je suis loin de me satisfaire du trop souvent cliché : "C'est nul !". Je trouve cette affirmation gratuite, non argumentée, stérile et insultante vis-à-vis de l'auteur, talentueux ou non. Le goût n'est pas universel et la diversité de la littérature est propre à satisfaire les passions de chacun, or, personnellement, je connais les limites à ne pas franchir, les ayant maintes fois explorées, toujours sans plaisir et le plus souvent avec dégoût. Je cherche à comprendre ce qui m'a manqué, ou ce que j'ai manqué, sans toujours le déterminer. 

 Ayant lu "La tristesse du Samouraï" qui, à l'encontre de la majorité, m'avait aussi laissée sur ma faim, j'ai retrouvé dans "Le poids des morts", l'amorce de l'écriture, déjà bien affirmée, en devenir du futur best-seller. Il est incontestable que l'auteur, comme beaucoup de ses compatriotes, reste marqué par l'empreinte du franquisme dont il retranscrit dans ses intrigues la violence et l'âpreté. Le statut de premier roman explique sans doute l'absence de souplesse entre les diverses époques évoquées, ballottant abruptement les personnages entre 1940 et 1975, avec comme seuls liens immuables, la lâcheté, la jalousie et la cruauté.

 Pourtant, l'écriture est pleine, dense, portant les cicatrices des atrocités infligées par Franco à son peuple, celui qui osait se rebeller. J'ai souvent pensé à Carlos Ruiz Zafón sans retrouver l'élégance de son style pour évoquer cette période sombre et essentielle de l'Histoire espagnole. Le cynisme d'Ulysse omniprésent, la soumission de Lucía trop uniforme, la quasi-totalité des personnages englués dans une noirceur destructrice ont écrasé mon empathie par manque de perspective. Malheureusement, le dénouement n'a pas rattrapé l'absence d'une accroche et d'une profondeur que j'ai ressentie tout au long de ma lecture, bien que j'aie compris l'importance du sujet, crucial pour Víctor del Árbol, celui de ses racines et de son pays. Je crois que le style de cet auteur n'est pas pour moi. Dommage, car il exprime clairement beaucoup de faits méconnus et passés sous silence au-delà des frontières espagnoles.

 

 Extraits et citations :

* « [...] une guerre réclame ses martyrs autant que sa ration de lâches, de héros et de traîtres. »

* « Le probable et l'incroyable sont les deux extrémités de la même corde. Si on les assemble, on obtient l'inévitable [...] »

 

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