Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
11 octobre 2023

"Mille femmes blanches" de Jim Fergus

Mille femmes blanches

 

 

 

 

 

 Éditions Le Cherche Midi - 2000 - 393 pages

 Titre original : One Thousand White Women : The Journals of May Dodd - 1998

 Traducteur : Jean-Luc Piningre - Anglais (États-Unis)

 ISBN 9782862747415

 

 

 

 

 

 

 

 L'auteur :

Jim Fergus

Né en 1950 d'une mère française et d'un père américain, Jim Fergus se passionne très jeune pour la culture Cheyenne. Orphelin à 16 ans, il poursuit ses études au Colorado. Après avoir enseigné le tennis en Floride, il y revient pour se consacrer à l'écriture. Il collabore à de nombreux journaux et magazines en tant que journaliste.

Après une première publication en 1992, "Espaces sauvages", il sillonne le Middle West en solitaire sur la piste des Cheyennes et il publie son premier roman, "Mille femmes blanches" en 1998 aux USA qui remporte un succès fulgurant.

D'autres romans suivront jusqu'à ce que, 18 ans plus tard, il publie la suite de son épopée Cheyenne, "La vengeance des mères"(2016). "Les Amazones" (2019) clôturera la trilogie.

 

 4e de couverture :

 En 1875, un chef cheyenne demanda au président Grant de lui faire présent de mille femmes blanches à marier à mille de ses guerriers afin de favoriser l'intégration. Prenant pour point de départ ce fait historique, Jim Fergus retrace à travers les carnets intimes d'une de ces femmes blanches, May Dodd, les aventures dans les terres sauvages de l'Ouest de ces femmes recrutées pour la plupart dans les prisons ou les asiles psychiatriques. C'est à la fois un magnifique portrait de femme qu'il nous offre ainsi, un chant d'amour pour le peuple indien, et une condamnation sans appel de la politique indienne du gouvernement américain d'alors.

 Cette épopée fabuleusement romanesque, qui s'inscrit dans la grande tradition de la saga de l'Ouest américain, a été un événement lors de sa publication aux États-Unis. Elle a été encensée par les plus grands écrivains américains, dont Jim Harrison qui a salué "ce roman splendide, puissant et exaltant". Les droits de ce livre ont été achetés par Hollywood.

 

 Mon avis :

 "Mille femmes blanches" a été un best-seller lors de sa sortie en 2000, à côté duquel je suis passée volontairement. Les battages médiatiques ont tendance à me détourner de leur but. Cependant, je savais qu'un jour, je le découvrirais pour pouvoir en parler. Bien que n'étant plus polluée par les multiples publications dithyrambiques, mon avis de fin de lecture reste très mitigé. Je vais devoir encore endosser le costume du vilain petit canard ! 

 Tout d'abord, au risque de contrarier nombre de lecteurs qui ont pensé lire un récit basé sur un épisode de l'Histoire, il faut rétablir la vérité. Si la rencontre du 18ᵉ président des États-Unis, Ulysse S.Grant, et le chef cheyenne, Little Wolf, a bien eu lieu au Capitole en septembre 1874, il n'existe aucun écrit relatant le contenu de cette entrevue. Les deux hommes étaient certainement soucieux de l'avenir ; le premier de son pays et de la sécurité des colons affluant dans les contrées dites sauvages, le second de son peuple et de la façon dont "l'homme blanc" s'appropriait les terres de ses ancêtres en trahissant régulièrement la parole donnée. Le troc envisagé, Femmes blanches contre chevaux et bisons, est une invention sortant tout droit de l'esprit fertile de Jim Fergus, sur lequel il a bâti une fresque très romanesque qui a enchanté un large public.

 Il est vrai que ce roman aborde de nombreuses thématiques dépaysantes malgré les traits tracés avec excès, à commencer par la femme au centre de ce récit, May Dodd. Cette femme indépendante a osé vivre un amour hors mariage, avec un homme bien au-dessous de sa condition sociale, dont elle a eu deux enfants. Son père, richissime industriel, ne pouvant accepter ni cette mésalliance avec un simple employé, ni ce genre de vie dissolue au vu des règles sociales, l'a fait interner dans un asile. May voit dans ce marché bizarre le moyen de recouvrer sa liberté. Même au 19ᵉ siècle, où les droits des femmes étaient bien loin d'être au centre des préoccupations sociétales, il est curieux de voir que cette idée d'échange, femmes contre bestiaux, soit acceptée sans broncher, de même que le choix de partir s'accoupler avec des "sauvages" pour peupler le monde futur pour une meilleure intégration des Peaux-Rouges soit passé pour un sacrifice national nécessaire, sans éveiller la moindre controverse.

 Passant au-dessus de ces invraisemblances, et bien d'autres, l'ouvrage présente de nombreux points positifs, comme l'immersion dans les somptueux paysages de l'Ouest américain et la galerie de portraits féminins aux caractères bien trempés, très Commedia dell'arte, prenant souvent la tournure d'une bouffonnerie amusante sur la trame d'un drame. Phemie, l'ancienne esclave noire, devenue une guerrière accomplie, respectée et acceptée par les hommes, représente une vraie revanche pour la liberté. Helen Elizabeth Flight est une naturaliste de talent, les jumelles Kelly sont de vraies terreurs irlandaises, la douce et discrète Sara reste incolore, l'imposante suissesse Gretchen Fathauner à l'accent tonitruant, marqué de consonances allemandes, Jimmy/Gertie, l'incroyable muletier(e) et l'improbable Lovelace indissociable de Fern Louise, son caniche adoré. Je me demande encore comment il a pu échapper à une mise en brochette ! La cheffe de file de ce gynécée haut en couleurs étant, évidemment, May Dodd, promise au chef de la tribu cheyenne Little Wolf.

 Je reconnais avoir lu sans déplaisir les aventures des nouvelles indiennes d'adoption. Par contre, au fur et à mesure de l'avancée de l'Odyssée, une sorte de gêne s'est installée. L'auteur s'insinue dans le monde cheyenne et révèle certains modes de vie très proches de la Nature qui semblent intéressants, quoique déjà maintes fois relatés dans la littérature et au cinéma. Toutefois, il ne faut pas oublier que May est la conteuse, donc la vision qu'elle en donne, malgré son "adoption" par la tribu, est une distorsion due à sa culture bien différente basée sur d'autres références de vie. Pour être plus claire, j'ai ressenti une narration, certes riche en détails, mais manquant de force pour représenter un réel témoignage en raison de son absence de point de vue réellement Cheyenne. Cette sensation m'a permis d'apprécier une lecture divertissante d'une œuvre d'imagination sans me donner le désir de lire la suite.

  

Publicité
Publicité
Commentaires
Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
  • Les loisirs créatifs comme le tricot, le crochet, la broderie, le modelage, le bricolage, les livres et les voyages sont autant de "fils" à l'arc de mes passions à partager et échanger sans modération
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Newsletter
20 abonnés
Publicité