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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
19 avril 2022

"Tu verras" de Nicolas Fargues

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 Éditions Folio - 2012 - 189 pages

 Édition originale : P.O.L - 2011

 ISBN 9782070448395

 

 

 

 

 

 

 

 

 L'auteur :

Nicolas Fargues

 

Nicolas Fargues est toujours resté dans le domaine de la littérature après ses études de Lettres. Né en 1971, ayant passé une enfance "voyageuse" Cameroun, Liban, Corse, Indonésie, il fut tour à tour agent d'accueil à la Bibliothèque de la ville de Paris, lecteur chez Gallimard, pigiste dans des magazines et bien d'autres postes encore. En 2000, il publie son premier roman qui sera suivi de bien d'autres. En 2011, il reçoit le Prix France-Culture-Télérama pour "Tu verras".

 

 4e de couverture :

Mon père me criait de remonter mon jean au-dessus de mes fesses, de cesser d'écouter des chansons vulgaires sur mon iPod, de rapprocher mes coudes à table et de ne pas faire la tête chaque fois qu'il voulait m'emmener au musée. Il ajoutait toujours :"Plus tard, tu comprendras que c'est pour ton bien que je te disais ça, tu verras."

 

 Mon avis :

 La découverte de cet auteur fut une révélation. Le sujet du livre est d'une tristesse infinie et pourtant aucun misérabilisme à l'horizon, seulement un père qui se souvient des moments partagés avec son fils lors de sa petite enfance comme dans la période plus complexe de son adolescence. 

 Ce père, ni meilleur ni pire qu'un autre, revoit ses constantes récriminations face à ce fils rebelle, sorti de l'enfance sans être totalement entré dans l'âge adulte. L'envie de le protéger des pièges de la vie, comme tout parent responsable, le pousse à le saturer de critiques. Il est conscient que l'expérience personnelle est la seule méthode d'apprentissage, si dangereuse qu'il lui devient insupportable de voir son garçon lui échapper.

 Inlassablement, il repasse en boucle, les choses qu'il n'a pas eues le courage de dire ou qu'il a dites de la mauvaise façon, celles qu'il n'a pas pris le temps de faire alors que l'amour qu'il porte à son fils est immense. Comment continuer à vivre des choses banales, quand son enfant n'est plus là ? Toutes ces pensées sont mises sur le papier dans un roman sans chapitres, à l'image de l'existence qui file sans interruption jusqu'à son terme. Ce texte bouleversant sur la relation père-fils, aborde un sujet rarement évoqué en littérature, contrairement à la relation mère-enfant, ce qui le rend d'autant plus attachant. Il dévoile un homme, avec ses faiblesses, ses remords, ses regrets face au gouffre de l'absence.

 Tout au long du récit, j'ai ressenti au plus profond de moi le désespoir indicible de ce père amputé d'une partie de lui-même, peut-être la meilleure. Même si je n'ai pas vraiment adhéré à son voyage en Afrique, j'ai éprouvé une extrême empathie pour son immense désarroi, son envie de se retrouver en phase avec Clément en écoutant la musique qu'il aimait tant, même si elle lui "cassait" les oreilles avant... Perdre un enfant, quel que soit son âge, n'a rien de naturel. Aucun parent ne peut accepter l'intolérable qui défie la logique de la vie. Il est très difficile d'apprendre à vivre avec. 

 Chacun vit comme s'il était éternel, comme si les malheurs n'arrivaient qu'aux autres, conscients de l'illusion savamment entretenue, mais trop faibles pour résister. Profiter de chaque instant que la vie veut bien nous accorder avec ceux que l'on aime, nos proches, famille et amis. Se détourner des gens toxiques qui empoisonnent notre temps comme notre énergie. Voilà des recommandations dont chacun d'entre nous a conscience sans toujours les mettre en pratique à cause de barrières invisibles que nous nous imposons à nous-mêmes.

 Non, ce texte n'est pas un coup de cœur pour moi, bien que terriblement humain, mais un coup au cœur, certainement !

 

 Citations et extraits

- "C'est bizarre, l'amour parental. Aimer son enfant, est-ce en aimer un autre que soi, ou bien continuer de s’aimer soi-même, mais sans s’accabler de la mauvaise conscience d’être égoïste ?  Peut-on vraiment parler de sens du sacrifice et de générosité lorsqu'il s'agit de donner aux siens ?"

- "On n'oublie jamais mais on vit avec."

- "[...] afin de parer aux moments les plus insoutenables, la nature a bien fait les choses pour les hommes : le corps est ainsi conçu qu'il trouve des solutions pour nous empêcher de mourir de chagrin, un peu comme on finit par s'évanouir sous la torture."

- "Avec ce pas significatif qu'il accomplissait vers son indépendance, j'ai pris alors brutalement conscience de la fragilité de mon fils, comme tous les parents d'adolescents du monde. J'ai éprouvé, comme eux, le vertige d'imaginer qu'en mon absence, un accident pouvait lui arriver n'importe où et n'importe quand. Et, comme tous les parents du monde, j'ai fini par me raisonner, en me disant qu'on ne peut pas chaperonner un enfant tout au long de sa vie. Que la vie, c'est par essence un risque potentiel à courir de s'estropier ou de mourir à chaque instant de chaque jour."

 

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