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Avec Plume, les mailles s’amusent……et d’autres fils s’en mêlent.
15 octobre 2017

Défi lecture, catégories 60, 29 et 61 ..... # 57/80

 

Marie-HP-Parfum

Catégorie 60, auteur que l'on a rencontré: "Marie" de Marek Halter

Marie

 En l'an 6 avant JC, les romains occupent le pays et les mercenaires d'Hérode, roi d'Israël, oppriment le peuple. La révolte gronde. Myriem vit à Nazareth en Galilée entre son père charpentier, Joachim, et sa mère, Hannah. Soudain, des soldats du roi font violemment irruption dans son village à la recherche d'un chef de bande de voyous, Barrabas. Sans le connaître, la jeune fille va lui apporter son aide en le cachant puis l'aidant à s'enfuir. Joachim voulant protéger une femme des violences des mercenaires tue l'un des gardes. Il est arrêté sur le champ. Myriem se résout à demander l'aide de Barrabas pour libérer son père voué à une mort certaine. D'aventures en aventures, elle arrive chez Halva et Yossef des amis de son père. C'est ainsi qu'elle rencontre Joseph d'Arimathie et Nicodème.

Mon avis:

 J'avais lu les 3 tomes de "la Bible au féminin" où Marek Halter brosse les portraits de femmes qui ont tenu des rôles importants dans la Bible: Sarah femme d'Abraham, Tsippora femme de Moïse et Lilah soeur d'Ezra, je ne pouvais passer à coté de Marie pour terminer la vision des grandes étapes de la chrétienté par l'auteur. C'est avec un plaisir renouvelé que j'ai plongé dans ce nouveau volume.

 Tout d'abord, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un roman d'imagination, une autre façon de voir un personnage resté souvent dans l'ombre. Marek Halter nous dévoile une jeune fille débordante de vie, moderne, vive, intelligente avec un caractère très fort qui n'hésite pas à se mettre en colère et à se rebeller devant les injustices que subissent son peuple. En clair, elle est l'opposé de l'image sage et lisse des icônes qui la représentent. Tous les personnages sont passionnants, le livre se lit comme un roman d'aventures même si nous en connaissons quelques épisodes. Le récit est nerveux, jamais soporifique ni endoctrinant. Il pourrait raconter une histoire contemporaine. 

 Plusieurs critiques émettent des doutes sur les relations amicales de Marie et Barrabas, le bandit relaxé par la foule à la place de Jésus selon le choix du peuple. Évidemment, c'est une situation qui peut paraître grotesque par rapport à l'enseignement du catéchisme mais l'écrivain n'a-t-il pas le droit d'exposer une situation différente dans son roman qu'il ne revendique ni comme un manuel de théologie, ni d'histoire? Il est vrai que j'ai eu un peu de mal à le suivre à ce moment-là mais, une fois le contexte romanesque établi, l'aventure se poursuit.

 L'évangile de Marie termine extrêmement bien le volume, à la place idéale. Le crédit à lui accorder est à la discrétion de chacun. En ce qui me concerne, je pense qu'il est l'oeuvre d'un écrivain sur un sujet documenté, même si les sources historiques sont infimes, en nous apportant une explication. La bibliothèque du Vatican déborde d'écrits invisibles du grand public, peut-être à raison, mais laisse l'imaginaire naviguer à sa guise.

 En résumé, ce fût un très bon moment de lecture, comme à chaque fois avec Marek Halter qui est un homme agréable impressionnant par sa stature et son érudition bien que controversé par certains de ses contemporains.

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 Catégorie 29, action dans un hôpital psychiatrique: "Hôpital psychiatrique" de Raymond Castells

Hôpital psychiatrique

 En 1937, Louis est interné à 17 ans à l'asile de Murmont après avoir été retrouvé nu baignant dans le sang de sa soeur violée et assassinée, aux cotés de sa mère, la tête explosée et de son beau-père criblé de balles et lardé de nombreux coups de couteaux.

 Il se trouve immergé dans un milieu sale, déviant et corrompu au milieu d'agités, de criminels dangereux, de débiles, de séniles...etc. Comme le lui explique le gardien-chef Cloporte (nom bien choisi) à son arrivée, il n'y a que trois façons de s'évader: la libération (impossible dans son cas), l'évasion (difficile avec les gendarmes, collègues de son beau-père qui rêvent de se venger) ou la mort (impensable). Heureusement, le jeune homme est doté d'une intelligence hors du commun. Grâce à elle et à sa passion pour Edmond Dantes, Comte de Monte-Cristo, héros d'Alexandre Dumas, il va supporter et surmonter les vexations et les humiliations journalières, les complots, la brutalité gratuite aussi bien des matons que de ses codétenus.

 Il ne vit que pour élaborer son plan d'évasion, lentement mais sûrement pour qu'il soit réussi mais des évènements vont s'interposer. L'arrivée de Louise, l'amour de sa vie, impossible de s'évader sans elle et la réquisition de toute une aile du bâtiment par l'armée allemande lors de la 2° guerre mondiale vont retarder son projet.

Mon avis:

Raymond Castells est un psychologue clinicien à la plume séduisante et machiavélique. Il a soigné le casting de ses personnages en créant un microcosme hallucinant qui ne permet pas au lecteur de s'ennuyer une seule seconde tout en lui injectant des pensées subliminales sur la réelle culpabilité de Louis. 

Le lieu du roman incite à laisser des images s'infiltrer dans l'esprit, celles du film de Milos Forman de 1975, "Vol au-dessus d'un nid de coucou" avec la prestation inoubliable de Jack Nicholson dans le rôle de Randle,  mais ce serait une erreur de se laisser aller à la comparaison. Randle agissait pour le bien de tous les pensionnaires alors que Louis ne cherche qu'à sauver sa peau et celle de Louise. De même, la résonance que la couverture peut éveiller est totalement fausse. Louis n'a rien à voir avec une personne, perdue dans son monde, isolée de son entourage et prostrée sur son lit.

La construction du roman est intéressante. Ce sont les deux anciens internés, Louis et Louise qui racontent leur vie quotidienne à l'asile, 43 ans plus tard. Car il s'agit bien d'un roman et non d'un documentaire même s'il n'occulte rien des atrocités exercées sur les patients, surtout en début d'ouvrage. L'auteur montre les dérives des "soignants", les expérimentations pseudo-scientifiques, les violences gratuites dans ce huis-clos peuplé de pervers, laissant libre court à leur barbarie en toute impunité et de fous subissant une double peine au milieu du siècle dernier. Heureusement, dans ce monde pire que l'univers carcéral, l'auteur ajoute de bonnes doses d'humour qui permet au lecteur d'avancer rapidement dans le récit et lui donne envie découvrir toutes les manipulations inventives de Louis, devenu attachant malgré son passé sanglant, puisque la fin est connue dés les premières pages.

C'est une histoire loufoque et grave qui nous interpelle et nous invite à nous demander comment la société gère les troubles mentaux. Il faut savoir que sous l'occupation allemande près de 40 000 malades sont morts de faim dans les asiles. C'est aussi l'histoire d'une survie en milieu hostile qui reprend un des adages connus en milieu psychiatrique: "Fous peut-être, mais pas cons!"

 

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Catégorie 61, incontournable du staff: "Le Parfum" de Patrick Süskind

Le parfum

 Au XVIII° siècle, Jean-Baptiste Grenouille est un nez absolu. Il a l'ambition de devenir le plus grand parfumeur du monde. Il est en quête DU parfum à nul autre pareil. Il s'intéresse particulièrement aux odeurs corporelles, d'autant que lui en est totalement dépourvu. Malheureusement, son enfance chaotique a beaucoup émoussé son humanité et il se fie plus à son odorat qu'à ses autres sens. Grâce à lui, il peut "voir" à travers les murs, les portes, se diriger dans l'obscurité comme un aveugle. Son désintérêt pour le monde qui l'entoure, y compris la beauté et la vie humaine, le fait passer pour un parfait idiot. Ce psychopathe ou sociopathe, au choix, va poursuivre une quête insensée en collectionnant les odeurs au fur et à mesure de ses pulsions ayant pour objectif de démontrer aux personnes qui l'excluent, en ne lui témoignant aucune considération, qu'il leur est infiniment supérieur en le transformant en tueur en série.

Mon avis:

En voyant la liste des incontournables proposés, impossible de passer à coté du plaisir de relire Le Parfum que j'ai découvert il y a plus de 10 ans. Dès les premières pages tournées, les sensations olfactives me sont revenues comme si j'avais débouché un flacon de parfum oublié au fond d'un tiroir. La description des odeurs est totalement incroyable, du raffiné au pestilentiel, de l'humour grinçant à l'horreur, l'auteur nous entraîne dans l'esprit curieux et dérangeant de son personnage si singulier dépourvu d'empathie à l'aide d'un style somptueusement malsain et remarquablement fascinant. La lecture est violente. Chaque page renferme une situation nouvelle à res..sentir, qui conduit au bord de l'écoeurement,  nous enlisant un peu plus profondément dans un cloaque asphyxiant.

La critique faite de la société française d'avant la Révolution avec sa bourgeoisie, son aristocratie et son clergé est particulièrement admirable en restituant le climat et l'ambiance de l'époque. Le fait que Patrick Süskind soit allemand donne encore plus de saveur à l'histoire. 

Ce roman est inclassable. Historique? Fantastique? Conte philosophique? Polar? Il est dérangeant parce que le héros est un monstre envoûtant que l'on accompagne dans sa construction d'un idéal. Les fragances de soufre et d'encens s'enroulent et s'envolent en volutes capiteuses jusqu'à notre esprit pour le laisser abasourdi par une chute surréaliste mais, somme toute, logique. 

C'est un livre qui se laisse volontiers cueillir et humer avec la même puissance à chaque fois qu'on l'ouvre.

 

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